Cueillette des plantes sauvages : Les paysans, parents pauvres de la filière

Cueillette des plantes sauvages : Les paysans, parents pauvres de la filière

 

Les intermédiaires, les négociants et les exportateurs sont les principaux bénéficiaires. 

Le développement de l’activité devrait ouvrir de nouvelles perspectives. 

 

Par Charaf Jaidani

 

La cueillette de plantes sauvages est une filière spéciale dans la mesure où elle n’obéit pas au schéma classique de la production agricole marqué par le travail de la terre et la domestication des cultures. Elle est intimement liée à la générosité de la nature. Grâce à sa diversité géographique et climatique, le Maroc jouit d’une large gamme de produits à utilisations alimentaire, cosmétique, médicale ou aromatique. On recense plus de 4.000 plantes dont certaines sont négociées à prix forts sur les marchés internationaux. 

En l’absence d’un circuit organisé et un programme de valorisation des produits, l’activité a cependant du mal à saisir toutes ses potentialités. La truffe noire par exemple, un produit spécifique de la région de l’Oriental, est vendue localement à un prix variant de 1.000 à 1.500 DH le kilo, alors que le prix atteint facilement 500 à 1.000 euros en Europe. 

C’est aussi le cas du thym qui est proposé localement de 20 à 30 DH le kilo et commercialisé en France à partir de 30 euros. A l’image des produits du terroir, ce sont les intermédiaires et autres négociants qui profitent le plus de cette filière. 

La marge augmente considérablement pour les exportateurs qui, grâce à un processus de distribution et de marketing bien ciblé, peuvent imposer des prix à la hausse. 

Beaucoup d’efforts sont à fournir dans ce domaine en matière d’encadrement et d’assistance technique pour le conditionnement des produits et leur valorisation. 

Pour ce faire, il est utile de procéder aux regroupements des exploitants dans le cadre de coopératives ou d’associations. 

Paradoxalement, la majorité des actions lancées à ce niveau sont le fruit de l’Initiative nationale du développement humain (INDH). Celles du ministère de l'Agriculture sont plus focalisées au niveau de l'aval, surtout de la transformation et de la distribution. Il est donc primordial de soutenir ce genre de projets du fait que les plantes sauvages poussent dans les régions enclavées ou montagneuses marquées par un niveau d’indigence élevé. 

La promotion de la filière pourrait permettre aux paysans d'améliorer sensiblement leurs revenus et, par ricochet, de créer un écosystème générateur d'emplois et d'investissement avec de fortes potentialités en matière d’export 

 


Encadré : Haro sur l’exploitation anarchique

Le développement de la filière se doit d’être durable et n’impacter en aucun cas la préservation de la biodiversité. Contrairement à l’agriculture conventionnelle où l’on peut maîtriser certains aléas, les plantes sauvages ne peuvent se renouveler intensément. Leur croissance et leur existence obéissent à un cycle naturel qui peut être perturbé facilement. La surexploitation risque de porter préjudice à toute l’activité. 

L’encadrement des exploitants permettra de contrôler la qualité et la quantité des plantes. 

 

 

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