La crise en mer Rouge a mis en lumière la vulnérabilité du transport maritime face aux conflits géopolitiques.
Un nouveau schéma logistique se dessine, et les ports marocains sont en première ligne.
Par Désy M.
La crise en mer Rouge a gravement perturbé le transport maritime international, affectant les ports mondiaux. Cette région, essentielle au commerce avec 30% du trafic mondial de conteneurs, a vu ses perturbations croissantes engendrer une nouvelle vague d'inflation dans le secteur du fret maritime. Les ports marocains, notamment Tanger Med et Casablanca, jouent désormais un rôle crucial dans la gestion des marchandises. La mer Rouge, reliant la Méditerranée à l'océan Indien via le canal de Suez, est vitale pour le commerce mondial. Les conflits récents y ont provoqué une congestion sévère dans les ports de transbordement majeurs comme Port Saïd et Damiette, entraînant une chute de 50% du trafic via le canal de Suez en mars 2024. Les compagnies maritimes contournent désormais le Cap de BonneEspérance, allongeant les trajets et augmentant les coûts opérationnels.
En juin 2024, les tarifs pour un conteneur de 40 pieds ont atteint 6.500 dollars, une augmentation significative par rapport aux niveaux antérieurs. Les experts prévoient que ces tarifs continueront de grimper, atteignant potentiellement 20.000 à 30.000 dollars d'ici 2025 si le conflit persiste. Cette augmentation des coûts de transport se répercute directement sur les prix des biens de consommation, alimentant une nouvelle vague d'inflation à l'échelle mondiale.
Les ports méditerranéens, surtout Tanger Med et Casablanca, deviennent des alternatives privilégiées. Tanger Med, en particulier, voit son attractivité croître avec des navires de plus de 15.000 EVP faisant désormais escale.
«Ces événements n'ont eu qu'un impact modéré sur Tanger Med, car seulement 25% du trafic du port traversent la mer Rouge. La majorité des échanges de Tanger Med se fait avec l'Afrique, l'Europe et les Amériques, qui ne sont pas concernées par ces perturbations. Cette diversité géographique des routes commerciales contribue à la résilience du port face aux défis régionaux», nous confie une source au port de Tanger Med.
Les chercheurs Ronan Kerbiriou et Yann Alix notent dans leur rapport sur l’impact du conflit en mer Rouge sur le commerce maritime, que Tanger Med a surpassé Algésiras en trafic, grâce à sa capacité de gestion de grands volumes et ses services efficaces. Casablanca joue également un rôle clé dans la réorganisation des routes maritimes, accueillant divers types de marchandises et servant de soutien logistique. L'augmentation du trafic dans ces ports marocains a cependant engendré des défis, notamment des goulets d'étranglement et une augmentation des temps d'attente pour le déchargement et le chargement des navires.
Conséquences économiques
L'impact de la crise en mer Rouge va au-delà des coûts directs du fret. L'augmentation des tarifs entraîne une hausse des prix des biens de consommation et contribue à une nouvelle vague d'inflation, particulièrement sensible dans les économies dépendantes du transport maritime. Les professionnels du secteur mettent en garde contre des défis importants à venir, notamment en ce qui concerne la gestion de la pénurie de conteneurs et la nécessité de réorganisation rapide.
Cependant, à court terme, la solution réside dans une meilleure organisation et une coopération internationale accrue. Les ports marocains, notamment Tanger Med et Casablanca, doivent continuer à investir dans leurs infrastructures et améliorer leurs capacités de gestion des flux pour faire face à l'augmentation du trafic. Les services administratifs et les opérateurs du secteur doivent rester en alerte et collaborer étroitement pour décongestionner les flux et éviter une escalade des coûts.