Coronavirus : «Les pertes totales du secteur du tourisme seraient de l’ordre de 64,60 milliards de DH»

Coronavirus : «Les pertes totales du secteur du tourisme seraient de l’ordre de 64,60 milliards de DH»

Les arrivées touristiques reculeraient de 64,% en 2020.

Selon l'Office des changes, les dépenses en vacances à l’étranger des Marocains ont été de l'ordre de 19,14 milliards de DH en 2019.

Le secteur retrouvera sa performance économique de 2019 en 2030.

Entretien avec Bouhoute Zoubir, directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate.

 

Propos recueillis par Amine Elkadiri

 

Finances News Hebdo : Comment jugez-vous l'effet de la crise sur le tourisme national et quels sont les enseignements que vous en tirez ?

Bouhoute Zoubir : Je pense que le secteur du tourisme sera très sévèrement impacté par cette crise. Il risque de perdre 8,3 millions en termes d’arrivées (-64%) et 15,1 millions de nuitées (-59,6%). Ce qui est se traduirait par des pertes très conséquentes en termes de recettes de devises -53,37 milliards de DH pour le tourisme réceptif, -11,23 milliards de DH pour l’aérien et – 3,58 milliards de DH de recettes du tourisme interne, soit une perte totale de l’ordre de 64,60 milliards de DH. D’où la nécessité de repenser le modèle de développement du secteur en focalisant la stratégie sur un développement réel du tourisme interne, qui ne doit pas être perçu comme une simple 5ème roue de secours.

 

F.N.H. : Pensez-vous que les mesures mises en place par les autorités à travers le Comité de veille économique sont suffisantes pour résorber l’impact de la crise sur les acteurs touristiques ?

B. Z. : Les mesures prises par le Comité de veille économique (CVE) vont apaiser provisoirement, et dans une certaine mesure, la situation sociale des employés mis en chômage jusqu’à fin juin 2020. Et alléger relativement les difficultés de trésorerie des agences de voyages, des résidences touristiques et du transport aérien des voyageurs.

Cependant, nous devons avoir une visibilité sur toute la chaîne de valeur du secteur et des réponses claires doivent être données concernant les points soulevés par les professionnels au niveau du maintien de l’outil de production, de la promotion, des charges sociales et de la fiscalité. Aussi, il convient de penser sérieusement à la façon de booster d’une manière urgente le tourisme interne.

 

F.N.H. : Aujourd’hui, estimez-vous qu’il soit possible de sauver, ne serait-ce que partiellement, la saison touristique ?

B. Z. : Vu la situation internationale où les principaux pays émetteurs et récepteurs sont eux-mêmes sévèrement touchés par la crise, il faut s’attendre à ce que ces pays fassent le maximum pour garder leurs touristes dans leurs pays ou régions. La situation critique de la majorité des compagnies aériennes qui vont sans doute imposer des conditions draconiennes pour la programmation des vols, les nouvelles règles en matière de transport aérien de voyageurs, la fermeture des frontières terrestres auront un impact négatif sur le nombre d’arrivées internationales. Il est prévu (sauf miracle) que les arrivées touristiques reculent de 64%. La saison touristique ne sera sauvée que si des mesures concrètes et conséquentes sont mises en place d’une manière urgente. 

 

F.N.H. : Dans ce cadre, quel rôle pourra jouer le tourisme interne pour combler plus ou moins le manque à gagner résultant du recul de l'afflux des touristes étrangers ?

B.Z. : Le tourisme interne pourra jouer un rôle déterminant pour combler une partie du manque à gagner du recul de l’afflux des touristes étranger à travers la mise en place d’outils et de mécanismes efficaces pour soutenir le consommateur national. L’une des propositions que nous pouvons suggérer, consiste en l’octroi de «chèques vacances régionaux» à utiliser dans la même région auprès des entreprises touristiques de l'ensemble de la chaîne de valeur : hôtels, maisons d'hôtes, restaurants, agences de voyages, transport touristique, location de voitures, etc. 

Ce fonds serait alimenté dans un premier temps, principalement par les contributions du fonds Covid-19, des compagnies d’assurances, de l'ONMT et des régions. Aussi, il serait important de penser à une manière d'intéresser les Marocains qui ont passé ou qui pensent passer leurs vacances à l’étranger. Les données de l'Office des changes indiquent que leurs dépenses ont été de l'ordre de 19,14 milliards de dirhams en 2019.

 

F.N.H. : Pensez-vous qu’au sortir de cette crise il faudra repenser profondément l’offre afin, justement, de faire du tourisme interne un levier plus important de développement du secteur ?

B. Z. : Effectivement, il va falloir commencer à co-construire la vision 2030, tout en gardant dans nos esprits que la durabilité du secteur du tourisme repose d’une manière très significative sur le tourisme national.

 

F.N.H. : A quel horizon pensez-vous que le secteur retrouvera sa performance économique de 2019 ?

B. Z. : En partant des hypothèses d’activités projetées pour l’exercice 2020, les arrivées des touristes internationaux (y compris MRE) doivent progresser annuellement de 10,82% pour atteindre en 2030 les performances de l’exercice 2019. Les nuitées des non-résidents et des résidents doivent progresser respectivement de 10,76% et de 7,72% pour atteindre en 2030 les performances de 2019.

Il est important de constater que si nous accordons plus d’importance au tourisme interne, nos résultats seraient meilleurs.

 

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