Les banques ont évolué dans un contexte macroéconomique très particulier en 2022. Les conséquences de la pandémie, la sécheresse, les impacts de la guerre russo-ukrainienne et les pressions inflationnistes…, sont autant d’éléments qui poussent encore à la vigilance, quand bien même ils ne constituent pas une véritable menace pour la stabilité financière, d’autant que le système bancaire se montre jusqu’ici résilient face aux chocs macroéconomiques. Cet environnement délicat a poussé Bank Al-Maghrib à procéder à une hausse de son taux directeur à deux reprises depuis septembre dernier, le portant à 2,5%. Objectif : contrer une inflation qui perdure, au risque de brider la croissance puisque l’économie nationale est moins irriguée en liquidités.
Les tensions inflationnistes persistantes, induites notamment par le renchérissement des prix des produits alimentaires et énergétiques, pourraient conduire la Banque centrale à poursuivre le resserrement de sa politique monétaire à travers une nouvelle hausse du taux directeur. Et ce, d’autant que pour le moment, on ne peut dire qu’il y a une réelle transmission de la politique monétaire initiée par BAM. En tout cas, cela ne s’est pas fait ressentir sur les crédits distribués par les établissements bancaires au secteur non financier : ils ont progressé de 8%, avec des accroissements de 10,9% des prêts accordés aux entreprises privées, de 3,5% pour ceux aux ménages et de 22,1% des concours aux entreprises publiques.
Les analystes de CDG Capital Insight, qui ont publié récemment une note sur les secteurs cotés, tablent ainsi cette année sur un ralentissement de la croissance de l’encours de crédits, compte tenu de l’impact limité des hausses du taux directeur sur la demande de crédit et du ralentissement des crédits de trésorerie. Taux, transition climatique et digitalisation La hausse des taux reste l’un des points de vigilance pour les banques marocaines en ce début d’année. Pour Fitch Ratings, ces dernières ne devraient toutefois pas bénéficier tout de suite des hausses du taux directeur.
«Ces hausses de taux mettront du temps à se traduire par des taux de prêt plus élevés, car plus de 90% des prêts sont à taux fixe et environ 70% sont à moyen ou long terme, contrairement à la plupart des pays du Moyen-Orient et d'Afrique», indique l’agence de notation. Qui souligne que les marges nettes d'intérêt devraient légèrement baisser à court terme en raison d'une réévaluation des passifs plus rapide que celle des actifs. Selon BAM, une hausse de 200 points de base des taux d'intérêt entraînerait une réduction à court terme de 3% des revenus nets d'intérêts des banques, en moyenne. L’autre point à surveiller par le microcosme bancaire a trait aux conséquences de la transition climatique. Le choix du Maroc de verdir son économie n’est pas en effet sans risque pour les banques, dont les portefeuilles d’investissement pourraient être affectés. Enfin, la transformation digitale reste toujours un sujet d’actualité pour le secteur, notamment à l’heure de la banque bionique, à savoir un mix entre les technologies et l’humain.
Par D. William