◆ Elle reste le principal stimulateur de la croissance.
◆ La reprise nécessite des mesures d’accompagnement de l’Etat.
Par C. Jaidani
En l’absence d’un nouveau modèle de développement qui diversifierait les pistes pour stimuler le progrès économique, la demande intérieure restera le principal moteur de la croissance au Maroc. Dans cette conjoncture difficile due à la crise de la Covid-19, elle risque d’être perturbée pendant un certain temps, surtout que tous les facteurs qui peuvent redresser la situation sont en berne.
Plusieurs éléments clés ont un impact déterminant sur l’évolution de l’économie nationale. La sècheresse qui sévit depuis deux ans, devrait réduire sensiblement le revenu des habitants du monde rural, qui représente plus de 40% de la population nationale. Par conséquent, la demande de cette catégorie de personnes, que ce soit pour la consommation ou l’investissement, sera revue à la baisse.
Le gouvernement a pris une série de mesures à court terme pour amortir partiellement les effets négatifs du confinement sanitaire sur les ménages vulnérables et les entreprises en difficulté ainsi que les employés.
«Ces mesures sont destinées essentiellement à colmater les brèches. Elles sont insuffisantes pour permettre à la demande intérieure de se redresser, surtout qu’on relève une certaine inquiétude des consommateurs qui préfèrent différer leur achat le temps d’avoir de la visibilité», souligne Mohamed Amrani, professeur d’économie à l’Université Hassan II de Casablanca.
«Les indicateurs du ministère de l’Economie et des Finances sont dans l’ensemble moins inquiétants par rapport aux prévisions. Néanmoins, une crise de confiance est apparue, qui demande à être dissipée par des messages apaisants pour assurer une reprise dans de bonnes conditions et le plus rapidement possible», ajoute Amrani.
Selon le dernier rapport de la direction des études et des prévisions financières (DEPF), «à fin avril, les derniers indicateurs disponibles font état d’un maintien du pouvoir d’achat des ménages, soutenu par une évolution maîtrisée des prix à la consommation (+1,2%), une progression des crédits à la consommation, quoiqu’en ralentissement (+1,5%), et une création de 112.000 emplois rémunérés au T1-2020».
Les salariés en difficulté
La DEPF note également la poursuite de l’évolution modérée de l’inflation au cours de cette période. Le taux du chômage est passé à 10,5% au premier trimestre 2020 contre 9,8% à la même période de l’année dernière. C’est un taux qui reste acceptable, mais qui ne reflète pas encore la réalité. Il faut attendre les statistiques des mois de mai et juin pour avoir une idée plus précise sur l’impact de la crise.
Plusieurs sources syndicales affirment que la situation est critique pour des milliers de travailleurs, dont les entreprises ont procédé à une vague de licenciements. Dans une lettre adressée dernièrement au chef du gouvernement, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), a demandé une prorogation de l’indemnité Covid-19 versée par la CNSS au-delà de juin.
Il attire l’attention de l’Exécutif sur la situation difficile «de nombreux salariés qui n’ont pas encore repris le chemin du travail, étant donné que leurs entreprises sont toujours à l’arrêt».
Pour sa part, Khadija Zoumi, membre du bureau exécutif de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), a estimé que le Maroc fait face actuellement à une situation inédite, dont les répercussions risquent de perdurer. Elle a préconisé, dans ce contexte, la mise en place d’un comité de veille sociale, qui devrait protéger l’employé face à l’émergence de catastrophes telles que la pandémie du coronavirus.
Outre la communication à destination des opérateurs et des citoyens, l’Etat devrait injecter des fonds dans l’économie à travers des marchés publics pour stimuler la demande et donner une nouvelle impulsion à la croissance.