Conjoncture économique: les prévisions du HCP pour 2021 et 2022

Conjoncture économique: les prévisions du HCP pour 2021 et 2022

Le haut-commissariat au Plan s’attend à un rebond de 5,8% du PIB en 2021.

Sans surprise, la demande intérieure continue de jouer le rôle de principale locomotive de l'économie.

 

Par Y. Seddik

 

Après une année de crise majeure sur fond de pandémie mondiale, les perspectives économiques du pays sont plutôt favorables pour 2021 et 2022. Dans son dernier budget économique exploratoire, le HCP (haut-commissariat au Plan) dresse un tableau économique nuancé, avec des prévisions qui devraient rester entourées de fortes incertitudes liées principalement à l’évolution de la situation épidémiologique et à l’aboutissement du processus de vaccination aux niveaux national et international.

Dans sa lettre d'ouverture, le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, souligne que «l’analyse dans sa globalité de la situation dans notre pays en 2020 et les perspectives de son évolution en 2021 nous incitent à maintenir notre préjugé favorable pour la prochaine décennie, et ce malgré la complexité singulière du contexte économique et sanitaire international sur lequel elle s’ouvre».

La croissance de l'activité économique nationale devrait ainsi connaître un rebond de 5,8% en 2021 au lieu d'une récession de 6,3% enregistrée l'année écoulée, prévoit le HCP. Ce raffermissement serait imputable notamment aux perspectives prometteuses de la campagne agricole 2020-2021 ainsi qu'à la reprise, sous l'effet de base, des activités non agricoles, profitant d'une atténuation des effets négatifs de la crise sanitaire reflétant ainsi le début de redressement de l'économie nationale.

Reprise poussée de la demande intérieure en 2021

Sur un autre volet, la maîtrise de la situation pandémique et le bon déroulement de la campagne de vaccination devraient stimuler le retour graduel de l’optimisme des ménages et des entreprises, selon le HCP. Cette tendance devrait se traduire par la reprise de la demande intérieure, favorisée par la mise en œuvre des mesures du pacte de relance économique. En fait, la consommation des ménages devrait s’accroître de 3,1% en volume après une baisse de 4,1% enregistrée en 2020.

Sa contribution à la croissance économique serait de ce fait de 1,8 point, après une contribution négative de 2,3 points en 2020. Quant à la consommation des administrations publiques, elle devrait augmenter de 5,1% au lieu de 1,7% en 2020, pour enregistrer une contribution de 1,1 point à la croissance économique prévue en 2021. En somme, la consommation finale nationale devrait connaître une croissance positive de 3,7% au lieu d’un repli de 2,5% en 2020, contribuant positivement à la croissance de 2,9 points, selon le rapport.

Allègement timide du déficit budgétaire

Après sa dégradation historique en 2020, la situation des finances publiques serait marquée en 2021 par une légère atténuation du déficit budgétaire. Ce dernier devrait rester, toutefois, à un niveau élevé qui fait du retour à la situation d’avant la crise un objectif difficile à atteindre, au moment où l’Etat mène une politique de relance visant le soutien des secteurs productifs et la réduction des disparités sociales.

Dans ces conditions, et tenant compte du recul des recettes des comptes spéciaux du Trésor et du maintien des dépenses d’investissement à près de 6,4% du PIB, le déficit budgétaire devrait se maintenir à un niveau élevé, bien qu’en allègement par rapport aux 7,6% enregistrés en 2020, pour se situer à 6,3% du PIB en 2021.

Tendance haussière de l’endettement

La persistance du niveau élevé du déficit budgétaire devrait entraîner une nouvelle augmentation de la dette publique qui serait couverte en 2021 principalement par le recours au marché domestique et, dans une moindre mesure, par la mobilisation des financements extérieurs, écrit le statisticien national dans son rapport. A cet égard, l’État envisage la mobilisation de l’épargne des ménages en complément de ses sources de financement. Cette opération d’emprunt national devrait générer en 2021 des recettes de 5 milliards de DH.

Globalement, le financement du Trésor sur le marché des adjudications devrait porter la dette intérieure à près de 58,2% du PIB. S’agissant de la dette extérieure du Trésor, elle devrait atteindre 19,1% du PIB en 2021 au lieu de 18,3% en 2020 et 24,8% de l’endettement global du Trésor, approchant pour la 1ère fois son benchmark de référence, soit 25%.

Dans ces conditions, l’encours de la dette du Trésor continuerait d’augmenter pour frôler le seuil de 77,3% du PIB en 2021 après 76,4% en 2020. Dans ces conditions, et tenant compte de la part de la dette extérieure garantie qui devrait afficher en 2021 une légère atténuation pour se situer à 15,4% du PIB comparativement à la moyenne de 16,2% durant la période 2015-2020, le ratio de la dette publique globale devrait s’accentuer pour passer de 92,5% du PIB en 2020 à 92,7% en 2021. «L'endettement du Maroc reste à des niveaux gérables et des solutions sont possibles pour réduire son poids sur le potentiel de croissance», a indiqué Lahlimi sur ce point.

En 2022, le PIB devrait croître de 2,9%

Pour ce qui est de 2022, les perspectives économiques nationales tiennent compte des nouvelles tendances de l’environnement international, notamment de l’évolution des prix des matières premières en quasistabilisation et de la demande mondiale adressée au Maroc qui devrait augmenter de près de 6,7% en 2022, après 9,3% en 2021.

Ces prévisions prennent également en considération la reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2021 et une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2021/2022. De ce fait, le PIB devrait enregistrer un taux de croissance de l’ordre de 2,9% en 2022, après une reprise de 5,8% prévue en 2021. En termes nominal, il devrait inscrire une progression de 3,8%.

Verbatim. Les messages forts de Lahlimi sur la souveraineté économique

«Dans ce contexte parmi les plus compliqués que le monde ait connu, le Royaume du Maroc, fort de l’audience internationale dont jouit son Roi Mohammed VI a su, avec les hautes directives royales, inscrire dans une sereine souveraineté la défense de ses intérêts supérieurs et conforter son poids spécifique sur la scène internationale grâce aux prérogatives régaliennes ayant présidé au nouveau dynamisme que connait, sur le plan institutionnel, la mise en œuvre des institutions et mécanismes prévus par la Constitution de 2011, et notamment celles à vocation participative et, sur le plan économique, une politique publique plus volontariste de diversification industrielle de l’économie nationale. Le lancement, dans ce cadre, par Sa Majesté le Roi du grand projet industriel de fabrication des vaccins revêt la dimension d’une initiative emblématique de ces prérogatives régaliennes. Sa portée va au-delà de ses objectifs propres. Il se présente comme s’il était le modèle de ce que doit être le contenu du concept de souveraineté économique auquel le message Royal l’a associé. Par la diversité politique et internationale des partenaires dans le joint-venture appelé à réaliser ce projet, ce concept, loin de renvoyer à une notion d’autosuffisance, est plutôt un appel à des politiques publiques dont la décision, toujours souveraine, devrait s’inscrire dans une ouverture sur le monde et une prise en compte de la solidarité régionale et des rapports SudSud. Dans sa dimension opérationnelle, ce concept implique le retour en force de l’Etat. Un Etat fort de sa légitimité historique, populaire et constitutionnelle. Toujours stratégique. Toujours régulateur. Mais plus résolument développeur. Initiateur de partenariats avec les capitaux privés, nationaux ou internationaux, les collectivités territoriales et les organisations de la société civile dans des jointventures de toutes dimensions économique ou financière, dans le cadre d’une planification stratégique où l’exigence des réformes économiques et sociétales se nourrit des deux dimensions régalienne et démocratique. Nous croyons, à cet égard, que le débat national autour du Nouveau modèle de développement, à partir de la réflexion menée par la Commission nationale dédiée à cet effet, devrait fort à propos inaugurer une mobilisation des forces vives de la nation, pour s’ouvrir sur le pacte national de développement auquel elles sont appelées à souscrire, en faisant un bon usage de ce concept de souveraineté économique et contribuer à doter la décennie 2020 des ressorts sociétaux d’un nouveau cycle de croissance économique et de prospérité sociale. Les retombées d’un tel débat sauront apporter au nouveau cycle de croissance une réelle valeur ajoutée de nature participative, sociétale, psychologique et par là économique».

 

 

 

 

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