Commerce extérieur : vers une balance commerciale équilibrée

Commerce extérieur : vers une balance commerciale équilibrée

524 propositions pour élaborer une feuille de route 2025-2026 susceptible de stimuler le commerce extérieur marocain en explorant de nouvelles opportunités à l’international.

 

Par D. M.

Malgré ses avancées économiques et son ouverture sur plus de 55 pays via des accords de libreéchange, l’économie marocaine peine à capitaliser pleinement sur son potentiel exportateur. Selon Omar Hejira, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, le Maroc perd chaque année un potentiel inexploité d’exportations estimé à 120 milliards de dirhams, dont 12 milliards au niveau de l’Afrique. Une situation qui, combinée à une forte dépendance aux importations, met à mal la balance commerciale. Selon l’Office des changes, le déficit s’est accentué de 6,5%, atteignant 275,74 milliards de DH à fin novembre 2024, contre 261,36 milliards à la même période en 2023.

«Pourtant, le Maroc dispose d’opportunités inédites grâce à ses accords de libre-échange avec l’Union européenne, les États-Unis et plusieurs pays africains, offrant un accès à plus d’un milliard de consommateurs. Toutefois, le déficit reste marqué avec plusieurs de ces partenaires, dont l’UE et la Turquie, mettant en lumière une compétitivité encore insuffisante», affirme Rachid Fakir, docteur en sciences économiques. 

Pour ce qui est des causes de ce déficit, qui devient quasi structurel, les économistes pointent du doigt la forte concentration des exportations sur six secteurs clés, à savoir l'automobile (34,4%), l'agriculture et les industries alimentaires (19,3%), les phosphates et dérivés (17,8%), les produits en cuir (10,7%), l'aviation (5,3%) et l'électronique (4,3%), au détriment d’une diversification nécessaire vers des industries à plus forte valeur ajoutée, complétant celles exploitées jusqu’à présent. De plus, ces exportations sont limitées à quelques marchés comme l’Europe, principalement l’Espagne et la France, tandis que les échanges avec l’Afrique et l’Asie demeurent marginaux. Cela crée des déséquilibres commerciaux régionaux et fragilise la compétitivité-prix des produits marocains due aux coûts de production élevés. Enfin, un cadre réglementaire complexe et le manque de réformes structurelles freinent les entreprises exportatrices.

Une feuille de route pour l’avenir Pour inverser la tendance, le gouvernement, au sortir des rencontres régionales avec différentes parties prenantes (CGEM; fédérations professionnelles et chambres de commerce d’industrie et de services), a déroulé une feuille de route ambitieuse pour la période 2025-2026, comptant 524 propositions pour stimuler le commerce extérieur en explorant de nouvelles opportunités à l’international. Cette feuille de route a pour objectifs de  diversifier les partenaires commerciaux, en renforçant notamment les échanges avec l’Afrique via la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAf); stimuler les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l’agriculture durable, l’électronique et les énergies renouvelables; et améliorer l’infrastructure commerciale avec des projets stratégiques comme les ports de Dakhla Atlantique et Nador West Med.

Rappelons que dans une étude dévoilée par la CGEM, en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce en 2024, plusieurs secteurs clés ont été identifiés avec un potentiel d’exportation de 120 milliards de DH, dont 12 milliards de DH spécifiquement pour le marché africain. Les secteurs sélectionnés pour récupérer ce manque à gagner sont  l’automobile (37 milliards de DH), le textile (16,8 milliards de DH), la chimie et la parachime (13,1 milliards de DH), l’agroalimentaire (8,9 milliards), la mécanique et la métallurgie (6,09 milliards), les matériaux de construction (2,4 milliards), la pharmaceutique (1,4 milliard), les dispositifs médicaux (1,1 milliard) et le papier carton (52 millions de DH). De plus, cette étude a identifié environ 1.200 marchés susceptibles d’accueillir les produits marocains, permettant ainsi une diversification géographique des exportations.

Par ailleurs, «les réformes énergétiques et l’orientation vers les énergies renouvelables jouent un rôle crucial. La décarbonation industrielle, combinée à une réduction de la facture énergétique, est perçue comme un levier pour diminuer les importations tout en augmentant la compétitivité des produits marocains à l’international», conclut Rachid Fakir.

 

 

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