Céréales: le Maroc aurait besoin de 8,3 millions de tonnes de l’étranger

Céréales: le Maroc aurait besoin de 8,3 millions de tonnes de l’étranger

La baisse des tensions sur le marché mondial et la hausse des récoltes de blé tirent les prix vers le bas.

De nouvelles mesures sont mises en place pour inciter les opérateurs à diversifier les marchés.

 

Par C. Jaidani

En dépit des efforts déployés dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) et de Génération Green, le Maroc n’arrive toujours pas à assurer son autosuffisance en blé. Il est contraint de combler ses besoins par les importations. Les récoltes au titre de la campagne 2022/2023 sont très moyennes, se limitant à 55 millions de quintaux. Selon les prévisions de l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation (FAO), le Royaume devrait importer pas moins de 83 millions de quintaux au cours de la saison 2023/2024, soit une baisse de 5% par rapport à la campagne précédente.

Cette baisse du volume des importations s‘accompagne aussi d’une baisse plus importante de leur valeur, favorisée par la régression de l’effet du conflit russo-ukrainien sur le marché international du blé. D’après une note livrée par l’International Grain Council (IGC), un organisme qui regroupe les principaux pays importateurs et exportateurs de la planète, la récolte mondiale de céréales devrait dépasser les 2,3 milliards de tonnes, soit un nouveau record.

Cette réalisation devrait apaiser significativement les tensions sur les marchés. On se dirige vers une tendance baissière qui sera soutenue par un excédent du stock mondial de 878 millions de tonnes. L’indice FAO des prix des céréales, établi au cours de la première semaine d’octobre 2023, est en baisse de 14,6% comparé à la même période de l’année dernière. Cet indice a enregistré 7 mois consécutifs de recul. Les pays importateurs de céréales, comme le Maroc, devraient beaucoup bénéficier de cette situation. D’après les indicateurs établis par la FAO et l’évolution du marché mondial du blé, la facture céréalière du Royaume en 2023 devrait se situer autour de 21 milliards de DH, alors qu’en 2022 elle a atteint 25,9 milliards de DH, soit un recul de près de 19%.

La détente des prix devrait inciter les opérateurs marocains à lancer les importations dans de bonnes conditions. Il était prévu d’importer 2,5 millions de tonnes entre juillet et septembre 2023, mais ce volume n’a pas pu être atteint à cause de la flambée des prix. Le gouvernement a alors mis en place un nouveau système de substitution afin de faciliter les importations. Il est envisagé d’importer 2 millions de tonnes de l’étranger entre octobre et décembre 2023. La prime de restitution a été modifiée pour devenir plus attractive et encourager les opérateurs à s’intéresser à d’autres marchés. Elle se fait actuellement en fonction de «la moyenne des prix de revient de l’origine la plus basse pour les produits provenant de France, des États-Unis, d’Allemagne et d’Argentine».

L’objectif du gouvernement est de stabiliser les prix et d’assurer un approvisionnement adéquat du marché local. Par origine, la France serait toujours en tête des pays exportateurs de blé vers le Maroc. Au total, elle devrait assurer pas moins de 2,5 millions de tonnes au titre de la campagne 2023/2024. Jusqu’à présent, elle a déjà expédié plus d’un million de tonnes de blé tendre vers le Royaume. Les importations céréalières affectent sensiblement la balance commerciale et les avoirs en devises. Faut-il rappeler que le Maroc figure dans le top ten des grands importateurs de blé. Seuls les pays dont la population est plus grande comme l’Indonésie, l’Egypte, l’Iran, le Brésil, le Mexique et la Turquie, en importent plus. Avec 200 kg/an/habitant (la moyenne mondiale est de 156 kg/an/ habitant), le citoyen marocain est un grand consommateur de pain, particulièrement celui issu du blé tendre.

 

 

 

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