Sécheresse, hausse des prix des intrants et faiblesse de la trésorerie sont les principales contraintes pour les agriculteurs. Le gouvernement devrait annoncer un programme pour accompagner les exploitants.
Par C. Jaidani
Plus que quelques semaines avant le lancement de la campagne agricole 2023/2024. Dans le monde rural, les préparatifs vont bon train pour réussir le démarrage de la saison, qui devrait se dérouler dans un contexte marqué par de nombreuses incertitudes et difficultés. La sécheresse étant le facteur le plus redouté par les fellahs. Il faut dire que le manque d’eau a atteint des niveaux alarmants, poussant le gouvernement à lancer des mesures en urgence afin d’en atténuer l’ampleur, à l’image de la première phase du projet de l’autoroute de l’eau. Cette dernière consiste à transférer l’excédent hydrique du bassin de l’oued Sebou dans le Gharb à celui de Bouregreg. La baisse des revenus des fellahs a impacté également leur capacité d’investissement. Ils sont confrontés à de nombreuses difficultés pour financer la campagne à venir.
«Les agriculteurs marocains ont appris à cohabiter avec la sécheresse, qui est devenue depuis des années un élément structurel. Pratiquement, deux années sur trois sont marquées par un déficit hydrique. Aussi, ces derniers temps, ils sont perturbés davantage par la mauvaise conjoncture qui a renchéri le coût des intrants et les autres charges. Cette tendance devrait se poursuivre la prochaine saison si l’on prend en considération la hausse sensible du prix du gasoil et des autres produits qui sont pour l’essentiel importés», explique une source à la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader). Les éleveurs représentent la catégorie la plus frappée par les effets de la sécheresse. En dépit des efforts de l’Etat pour venir en aide aux exploitants à travers la distribution de l’aliment de bétail, le cheptel national n’arrive toujours pas à assurer l’équilibre entre l’offre et la demande de viande rouge.
«Normalement, les prix de la viande rouge flambent au cours du mois de Ramadan. Et à la fin du mois sacré, ils s’inscrivent dans un trend baissier. Ce qui n’est pas le cas cette année, puisqu’ils sont toujours à un niveau élevé. Cela est dû essentiellement à la hausse des coûts de production et à la lenteur du renouvellement du cheptel national, car une partie des éleveurs a réduit son bétail pour faire face aux charges. Il faut deux années pluvieuses pour espérer un retour à la normale», indique Bouchaib Benkhlil, de l’Association des chevillards de Casablanca. Le gouvernement devrait annoncer une série de dispositions pour accompagner les fellahs, notamment la mobilisation de semences certifiées, les engrais et autres fertilisants en quantités suffisantes. Il s’agit aussi de renouveler le programme d’assurance contre les aléas climatiques et d’augmenter le nombre de personnes concernées.