Budget: le séisme s’invite parmi les impacts conjoncturels à prendre en charge

Budget: le séisme s’invite parmi les impacts conjoncturels à prendre en charge

En plus des moyens financiers projetés pour juguler l’inflation et lutter contre le stress hydrique en 2024, l’Etat devra également mettre la main à la poche pour régler les dégâts d’«une ampleur sans précédent» du séisme d’Al Haouz.

 

Par A. Diouf

Deux semaines après le séisme d’Al Haouz, toutes les forces vives du Royaume sont encore mobilisées sur les lieux du drame pour venir en aide aux sinistrés. Face à la crise, il y a un seul mot d’ordre venu de la plus haute autorité de l’Etat  : une réponse forte, rapide et volontariste. C’est à cet effet que le Roi Mohammed VI a demandé de déployer rapidement un programme de relogement des sinistrés. Un programme qui, dans un premier temps, consiste à reloger provisoirement les victimes, suivant «des formules adaptées d'hébergement sur place et dans des structures conçues pour résister au froid et aux intempéries,  ou dans des sites d'accueil aménagés avec toutes les commodités nécessaires».

Avec, dans la foulée, une aide d’urgence de 30.000 dirhams octroyée par l'État aux ménages concernés. Face à l’hiver qui approche, il faut faire vite, et c’est pourquoi la reconstruction a démarré. Les hommes de l’art de construire, venus des quatre coins du Royaume, sont déjà à pied d’œuvre pour déployer les opérations préalables d'expertise et les travaux de préparation et de stabilisation des terrains. Pour les logements totalement effondrés, une aide financière directe de 140.000 dirhams a été décidée. Alors que pour les habitations partiellement effondrées, c’est une enveloppe de 80.000 dirhams qui a été annoncée pour couvrir les travaux de réhabilitation.

En plus des opérations de relogement et de reconstruction, il y a deux autres priorités, à savoir le renforcement des infrastructures et le rehaussement de la qualité des services publics. A signaler que toutes ces phases de reconstruction et de mise à niveau générale des régions touchées seront principalement financées par les moyens financiers propres de l'État et des organismes publics. Entendez le budget général, même si les contributions provenant des acteurs privés et associatifs, ainsi que des pays frères et amis seront les bienvenues.

«L’enveloppe budgétaire exacte n’est pas encore déterminée. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’elle va se chiffrer à plusieurs dizaines de milliards de DH, dont une faible proportion sera assurée par le Fonds de solidarité 126», explique un économiste qui a préféré garder l’anonymat. Et d’ajouter  : «comme si le Covid et l’inflation importée ne suffisaient pas, l’Etat va devoir encore s’endetter pour faire face à une dépense sociale contreproductive qui va alourdir le déficit budgétaire».

En tous cas, il est n’est pas du tout envisageable de toucher aux enveloppes budgétaires de deux autres urgences, notamment l’inflation et le stress hydrique. Pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens et renforcer le dynamisme de la demande intérieure, l’Etat cible une inflation à 3,4% en 2024 et à 2% à partir de 2025. Pour y arriver, il va entre autres activer les mesures de soutien aux produits agricoles de base et aux fourrages ainsi que le développement des chaînes de production et de distribution. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre du déploiement de la stratégie «Génération Green», qui s’est manifestée à travers la signature de 19 contrats-programmes, lors de la dernière édition du Salon international de l’agriculture (SIAM), avec des crédits de plus de 110 milliards de DH, dont 42 milliards de DH comme participation de l’Etat.

Et pour lutter contre le stress hydrique, le gouvernement a décidé d’accélérer la mise en œuvre des composantes du Plan national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, doté d’un budget de 143 milliards sur la période 2020-2027. Et ce, à travers l’interconnexion entre les bassins du Sebou et du Bouregreg, déjà finalisée; la construction de nouveaux barrages; l’accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles (stations de dessalement d’eau de mer et stations d’épuration des eaux usées); et le renforcement du raccordement du monde rural au réseau d’eau potable. 

 

 

 

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