Si l’on en croit les dernières indications du FMI, la croissance économique en Afrique subsaharienne est en train de rebondir en 2017, après avoir enregistré en 2016 (du fait de la chute brutale des cours du pétrole et des autres matières premières) son plus bas niveau plus de deux décennies. Ainsi, elle devrait passer à 2,6% en 2017 et à 3,5% en 2018, portée principalement par des facteurs particuliers dans les plus grands pays, qui ont fait face à des conditions macroéconomiques difficiles en 2016. Toutefois, la croissance du PIB dans les pays dont les économies sont moins tributaires des matières premières devrait rester forte, soutenue par les investissements dans les infrastructures, les secteurs de services résilients et le redressement de la production agricole. Parmi les pays à faible revenu qui devraient pour l’année 2017 enregistrer une croissance économique de 5,5%, l’on trouve l’Ethiopie.
L’Éthiopie brade ses terres fertiles au profit des pays d’Asie ou du Proche-Orient, alors que 13 millions d’Ethiopiens souffrent encore de malnutrition. Dans la mesure où le secteur agricole emploie 85% de la population et contribue de quasiment la moitié au PIB, c’est presque tout le pays qui est affecté lorsque les récoltes sont mauvaises.
Paradoxalement, l'Ethiopie figure pourtant premier dans ce top 10 des meilleures croissances africaines du PIB. Sa croissance économique devrait s’établir à 7,5% en 2017 et 2018, alors qu’elle était de 8% l’année écoulée.
L’on note que malgré cette forte croissance, le pays dispose de l’un des plus faibles revenus par habitant au monde.
La Côte d’Ivoire poursuit sa résilience économique, soutenue par une forte demande intérieure.
Toutefois, la performance réalisée par la Côte d’Ivoire revêt une ampleur plus importante, compte tenu de son niveau de développement déjà bien supérieur
à celui de l’Éthiopie (le PIB par habitant était de 1.319 dollars fin 2016, contre 702 dollars pour l'Ethiopie).
Rappelons que dès la fin de la grave crise politique des années 2000, la Côte d’Ivoire s’est engagée dans de profondes réformes économiques visant à mettre en place un environnement favorable à l’investissement. Avec pour objectif de devenir un pays émergent vers 2020.
Cette troisième place est partagée par le Sénégal et la Tanzanie avec un PIB estimé à 6,8% pour l’année 2017, selon les prévisions de l’institution de Bretton Woods. Ainsi, la croissance économique du Sénégal, jusque-là principalement tirée par le secteur public, a atteint 6,6% en 2016. D’ailleurs, les représentants du FMI avaient appelé l’Etat sénégalais à s’appuyer davantage sur l’investissement privé pour en faire un relais de croissance et atteindre les objectifs du Plan Sénégal Emergent (PSE) à l’horizon de 2030.
La Tanzanie a, elle aussi, le mérite d’avoir une croissance stable depuis plusieurs années. Elle est comprise entre 6 et 7%.
L’économie repose en grande partie sur l’agriculture. Mais l'équilibre de son PIB tient aussi à l’activité touristique. Le pays recèle de sites phares, dont le plus haut mont d’Afrique, le Kilimandjaro. 20.000 touristes tenteraient son ascension chaque année. Les réserves naturelles attirent également les amateurs de safaris. D’autre part, le pays est le 4e plus grand producteur d’or d’Afrique.
Pour le FMI, les perspectives à moyen terme du Maroc sont favorables, la croissance devant se hisser à 4,4% en 2017 suivie d’un léger recul à 3,9% l’année suivante. Elles dépendront de la mise en œuvre des réformes visant notamment à améliorer le climat des affaires, mieux répartir l’effort fiscal ou encore s’attaquer aux problèmes du système éducatif... A charge pour le nouveau gouvernement de les concrétiser. Toutefois, il aura du pain sur la planche avec un chômage en hausse (9,3% en 2017 et 9,5% en 2018). A noter que, globalement, les perspectives en Afrique restent en demi-teinte : la croissance de la production ne devrait dépasser que modérément la croissance de la population en 2017, après y avoir été inférieure en 2016. ■
Par Y. Seddik