Aéronautique : Le secteur subit la fermeture d’usines à l’étranger

Aéronautique : Le secteur subit la fermeture d’usines à l’étranger

Le ralentissement de l’activité des constructeurs impacte la chaîne de production mondiale.

Le niveau d’activité enregistré au Maroc durant les dernières années ne serait retrouvé qu’en 2023.

L’objectif majeur du secteur est de préserver les emplois.

 

Par Badr Chaou

 

L a crise sanitaire liée a mis à mal l’économie mondiale, ralentissant l’activité de plusieurs secteurs dont celui de l’aéronautique. Les usines des grands donneurs d’ordre ont connu plusieurs jours d’arrêt, impactant une grande partie de la chaîne de production internationale.

Les choses ne semblent pas s’améliorer, puisque Airbus a décidé de mettre 3.000 de ses collaborateurs en France en chômage partiel, dans des usines dédiées à la production d’avions commerciaux et a baissé sa production de 40%, peut-on lire dans la presse internationale.

Le constructeur a décidé aussi de ne pas verser de dividendes pour l’exercice 2019, dans le souci de préserver la liquidité dans ses comptes.

Egalement touché par le ralentissement de la cadence de production, Boeing a été contraint d’arrêter l’activité de ses sites industriels à Seattle pour trois semaines, avant d’annoncer leurs remises en service vendredi dernier.

Toutefois, les activités de l’industriel américain en Caroline du Sud, où sont fabriqués notamment les gros porteurs 787 Dreamliner, demeurent suspendues jusqu’à nouvel ordre.

Le ralentissement de l’activité des grands constructeurs internationaux a ainsi fortement impacté l’écosystème de la chaîne de production mondiale surtout celle des équipementiers, y compris au Maroc.

 

Vers un recul de l’activité

Opérant dans une configuration de Supply Chain mondialisée, le secteur aéronautique au Royaume est ainsi directement impacté par la crise des opérateurs de l’aviation, entre autres les compagnies aériennes, avionneurs et équipementiers.

«Malgré le taux d’intégration locale de 38%, plusieurs acteurs majeurs de l’aéronautique au Maroc subissent directement ou indirectement les décisions de fermeture d’usines à l’étranger», explique le Groupement des industries aéronautiques et spatiales (GIMAS).

Cette « crise» tombe au moment où le secteur au Maroc évolue depuis quelques années sur une tendance résolument haussière. De 2000 à 2019, plus de 142 entreprises opérant dans l'industrie aérospatiale se sont implantées au Maroc, représentant 1,9 milliard de dollars à l’export avec plus de 38% de taux d’intégration.

 Annoncé en novembre 2016, le partenariat stratégique avec le ministère de l’Industrie, renforcé par la signature d'un Plan d'accélération industrielle, a permis à cette industrie de s'engager dans sa nouvelle phase de développement avec des objectifs ambitieux à l'horizon 2020 : tripler le nombre d'employés pour atteindre 30.000, doubler le nombre d'entreprises à 200, et réaliser 42% d'intégration locale.

De plus en plus d'entreprises montrant un grand intérêt pour le Maroc ont commencé à s'y implanter, mais cette embellie risque de connaître une mauvaise «passe», du moins pour certaines branches d’activités.

Selon le Gimas, «les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient réduire le taux d’occupation de la capacité installée au Maroc de 30% voire 50% pour certaines activités telles que le MRO (maintenance, réparations et entretien) et l’ingénierie».

Le groupement explique également que le niveau d’activité risque de s’affaisser «compte tenu du manque de visibilité des grands donneurs d’ordre mondiaux sur l’avenir et le cycle long de l’aéronautique, le fort niveau d’activités enregistré ces dernières années ne sera retrouvé qu’en 2023».

 

Les emplois avant tout

Face à  la crise, le secteur a dû faire preuve de réactivité. Le Gimas a ainsi mobilisé ses membres pour participer au développement de la création de respirateurs pour les patients atteints du Covid-19.

 En partenariat avec le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique et la collaboration de nombreux partenaires technologiques et le corps médical, le premier respirateur 100% marocain a été réalisé en un temps record.

Ce transfert de savoir-faire a pour but de réduire l’impact de la crise sur les opérateurs et surtout de préserver les emplois, explique le GIMAS. «Nos objectifs sont clairs : social en préservant le maximum d’emplois, économique à travers la survie et le développement de nos membres, et partage du savoir-faire et de la technologie. Nous comptons sur le soutien de l’Etat pour atteindre ces objectifs». ◆

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