Vingt ans après son entrée en vigueur, l’Accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis demeure un outil stratégique de coopération économique. Axé sur la réduction des barrières commerciales et la promotion des échanges, il a redéfini les relations bilatérales entre les deux pays. Retour sur les grandes lignes de cet accord et son impact.
Signé en 2004 et entré en vigueur en 2006, l’Accord de libre-échange (ALE) Maroc-USA se distingue par sa portée. Outre le commerce des marchandises, il couvre les services, les investissements, les marchés publics, ainsi que des domaines transversaux tels que la propriété intellectuelle, l’environnement et les droits du travail. Cette approche globale vise à favoriser un partenariat économique durable.
Commerce des biens : un démantèlement progressif
L’Accord a instauré un démantèlement progressif des droits de douane, avec des avantages asymétriques en faveur du Maroc pour lui permettre de s’adapter.
Produits industriels
Les exportations marocaines ont bénéficié d’un accès immédiat à 98,78% des positions tarifaires américaines, à l’exception de 149 produits soumis à un démantèlement sur neuf ans. En retour, 52% des produits industriels américains ont été exemptés de droits de douane dès le début, tandis que les autres ont suivi un démantèlement progressif.
Produits agricoles
Les exportations marocaines, notamment dans la floriculture, la pêche et les fruits et légumes, ont bénéficié d’un accès prioritaire pour 56% des positions tarifaires. Les produits sensibles, en revanche, ont vu un démantèlement étalé sur une période allant jusqu’à 18 ans. Pour les produits américains, le démantèlement s’étale jusqu’à 25 ans pour les catégories les plus sensibles au Maroc.
Textiles
Les deux parties ont adopté un traitement symétrique, avec des contingents spécifiques et une suppression graduelle des droits de douane sur six ans.
Règles d’origine strictes
Pour bénéficier des avantages de l’Accord, les produits doivent répondre à des règles d’origine précises. Par exemple, les textiles doivent suivre le principe de la triple transformation (fibre, fil, tissu), avec une dérogation temporaire pour le Maroc, qui a pu utiliser des matières premières hors zone jusqu’en 2015.
Services : protéger les intérêts nationaux
Le Maroc a veillé à préserver ses intérêts dans certains secteurs stratégiques. Les monopoles publics, tels que l’Office chérifien des phosphates ou l’Office national de l’électricité et de l'eau potable, ont été maintenus. De plus, l’accès au marché a été limité pour des secteurs sensibles, notamment les services miniers, audiovisuels et de transport. Parallèlement, des réserves ont été établies pour protéger les professions libérales et accorder la priorité aux nationaux.
Un bilan contrasté
Deux décennies après son entrée en vigueur, l’Accord a permis au Maroc d’accroître ses exportations vers le marché américain, notamment dans les secteurs des produits agricoles et textiles. Cependant, le volume des échanges reste encore déséquilibré, avec une balance commerciale souvent déficitaire en faveur des États-Unis.
Les contraintes liées aux règles d’origine et la concurrence féroce sur le marché américain ont limité l’impact pour certaines industries marocaines. De plus, l’intégration des petites et moyennes entreprises dans cette dynamique reste un défi majeur.