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Zoom : Les affaires culturelles avancent doucement, mais sûrement

Zoom : Les affaires culturelles avancent doucement, mais sûrement

Depuis octobre dernier, Mohamed Mehdi Bensaid est appelé à tenir la barre de ce bateau en déréliction qu’est notre Culture. Est-il en mesure de redresser la situation ? Trop tôt pour émettre un jugement. Ce qui est certain, c’est qu’il fait, jusqu’ici, pour le mieux dans un contexte malaisé. 

Par R. K. Houdaifa

 

Appelé à redresser la barre d’un navire à la dérive, dès lors que de nombreux secteurs culturels aient pris l’eau de toutes parts, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, mit un point d’honneur à démontrer qu’il est un capitaine vaillant, entreprenant de nombreuses initiatives durant ses 100 premiers  jours au gouvernement. Nous avons pu contenir notre joie à l'annonce des mesures prises en faveur de la promotion du domaine culturel.

 

A un moment où les troupes fleurissent, le public boude le théâtre. Pis encore, des lieux de spectacle dignes de ce nom, le pays en manque cruellement. Ainsi, pour prendre le taureau par les cornes, le ministre avait annoncé que son département dispose d’une nouvelle vision à même de renforcer les infrastructures dédiées aux représentations théâtrales. Ceci passera par la construction d'espaces de spectacles accueillants, idoines, au sein de 900 maisons de jeunes et de la culture réparties dans les différentes régions du Royaume, y compris dans les zones rurales et périurbaines. Qui plus, pour en (re) donner goût, 60 représentations théâtrales seront programmées sur les chaînes de télévision publique (SNRT). Reste que le département de tutelle accorde son intérêt aux spectacles raffinés, impertinents et audacieux.

 

Le cinéma, lui, n'est pas en reste. Des salles de projection des films seront également créées dans lesdites maisons. Oeuvrant à la promotion d'une réelle industrie cinématographique, le département de tutelle a annoncé la création de pas moins de 150 salles de cinéma.

 

«Une telle vision est à même de rendre les productions théâtrales et cinématographiques plus accessibles aux populations locales qui n'ont pas la chance et les moyens d'assister aux représentations et aux projections, outre l'opportunité de susciter des vocations et de découvrir de nouveaux talents parmi les jeunes», souligne le ministre, assurant que son département ne ménagera aucun effort pour rouvrir les salles de cinéma fermées en encourageant l'investissement dans ce domaine prometteur. Preuve en est que Bensaid est bien déterminé à promouvoir le théâtre et le cinéma au Maroc.

 

L’autre grain à moudre est celui de la lecture. Le livre va mal, et les lectures sont une espèce en voie de disparition. En général, les Marocains sont intimidés par les librairies, ils n'osent pas en franchir les portes. Les bibliothèques, en revanche, les attirent un peu. Encore faut-il qu'ils en trouvent sur leur chemin. Il est vrai que certains quartiers en sont privés, pendant que d'autres en regorgent. Face à ce mauvais chapitre, le département de tutelle a mis en place une stratégie de commercialisation des livres de jeunesse et de création de bibliothèques publiques de proximité dans les quartiers et les universités pour promouvoir la lecture. Clair et net, pour donner envie aux gens de lire, cela exige de rendre visible le livre. De fait, il ne suffit pas justement de créer des lieux pour ensuite les cadenasser. 

 

Parmi les projets importants étudiés ou lancés par le ministère, citons : les opérations visant à répertorier et à valoriser le patrimoine culturel national matériel et immatériel; à réhabiliter les monuments historiques, les restaurer et les promouvoir sur le plan local (tourisme culturel) et international (UNESCO); à restaurer le «Label Maroc»; à s’ouvrir sur l'univers des jeux électroniques et de la programmation informatique via un partenariat avec la Fédération royale marocaine des jeux électroniques visant la création de 100 espaces dédiés dans les maisons de jeunes et de la culture au courant de 2022.


Surprenant, non ?!


D’entrée de jeu, le ministre a fait preuve d’enthousiasme et de rigueur. Il a, par ailleurs, annoncé être en discussion avec le ministère de l'Economie et des Finances en vue de valoriser le montant des subventions publiques devant passer de 20 à 30%. Cette démarche aura un impact positif sur les investissements extérieurs et la création de nouveaux emplois. Ceci dit, Mohamed Mehdi Bensaid, lui, ne se pose pas comme un faiseur de miracles. Il a juste pris conscience de l’ampleur de sa tâche.


Le département de tutelle a la charge de plusieurs secteurs dont : le cinéma; le patrimoine (musées, monuments historiques, traditions, usages et coutumes…); le théâtre; la musique; les arts chorégraphiques; arts plastiques; arts et expressions populaires; les bibliothèques; les livres; les  maisons de culture; les animations culturelles… A la lecture de cette liste, il nous apparaît, bien entendu, qu’il y a d’autres urgences, comme le développement culturel et la promotion des modes d’expression en vogue.


Tous les ministres qui se sont succédé n'ont montré, par exemple, aucun égard pour l'art chorégraphique. On sera même étonné d'apprendre un jour qu'ils lui ont dédié le moindre budget. «J’aimerais qu'il ne traite pas la danse comme si c’était la cinquième roue de son carrosse ministériel. D’autre part, j’estime qu’il est indispensable de fonder de réels centres de danse», souhaite un acteur du champ culturel, qui préfère garder l'anonymat.


Les galeristes, quant à eux, continuent de souffrir, les artistes de broyer du noir et les gens de se désintéresser de la chose artistique, à défaut d'y être sensibilisés par le truchement de l’école et des médias. Ce qui implique, dès l’abord, de repenser d’une façon radicale l’enseignement de la culture et les disciplines artistiques à l’école. Le plus sûr moyen est de confier l’éveil à la culture et l’art à un personnel adéquat. La culture scolaire est aujourd’hui fortement concurrencée par la culture télévisuelle. Tout bien considérée, celle-ci peut être bénéfique pourvu qu’on en fasse un usage judicieux. Par la diffusion à des heures de grande écoute d’émissions auxquelles prendraient part des connaisseurs, des pédagogues et des praticiens…


Mohamed Mehdi Bensaid n’a pas, en effet, la partie facile. Il y a du pain sur la planche. Pour que la Culture se remette de sa maladie, il faut lui donner et redonner un coup de fouet.

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