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Visite guidée: voyage au cœur du Marrakech de l’art (Partie II)

Visite guidée: voyage au cœur du Marrakech de l’art (Partie II)

Voici quelques infinis attraits auxquels succombe avec délices le visiteur assoiffé de lumière, de splendeur et de grandeur. Flânerie émerveillée.

 

Par R.K.H

 

D’emblée, on est pris de vertige. Le soleil qui vous accueille n'est à nul autre pareil. Il possède la vertu de griser et de procurer une sensation de plénitude. Vous arrivez à Guéliz, et c'est le désenchantement. Car, malgré son nom prometteur de mille joies, le quartier européen dessiné par l'illustre Prost est d'une consternante fadeur. Du béton, une enfilade de cafés. Certains valent une escale. Le temps d'admirer, depuis leurs terrasses panoramiques, des vues attrayantes de la ville.

Après ce répit, longez l'avenue Mohammed V pour profiter de l'ombre offerte par les bigaradiers et les jacarandas. En décor de scène, surgit le minaret de la Koutoubia. Sa somptuosité, sa rose élégance et sa minutieuse architecture témoignent d'une civilisation altière, celle des Almohades (XIIème - XIIIème siècles), qui ont donné au Maroc son plus grand empire. 

 

Une délicieuse griserie

Sur le site de la gracieuse mosquée, subsistent des vestiges : Qasr El Hajar, premier monument de la cité, l'Allée des libraires, quelques pans du palais de Ali Ibn Youssef Ibn Tachfine. Œuvres d'une franche sobriété à l'image de leurs auteurs les Almoravides, ces moines guerriers qui ont déboulé du cœur de la Mauritanie, au XIème siècle, pour créer Marrakech, creuser dans une plaine ingrate des milliers de kilomètres de canaux souterrains (khettaras) et bâtir de sublimes monuments, aujourd'hui, ensevelis sous les décombres.

Une fois abreuvés de mémoire, on se perd dans les dédales de la médina. Le plus vieux quartier de la ville, Mouassine, déploie ses vétustes splendeurs. Si le visiteur ne pourra, hélas !, boire à sa précieuse fontaine, de nombreux morceaux de «bravoure» architecturaux sont là pour le consoler : Fhel, pavillon des ablutions, Porte du foundouk El Melha, hammam D'heb. Puis il faut déambuler à travers les venelles gorgées d'histoire jusqu'à la Qobba, trait de génie almoravide. 

 

Un théâtre public ahurissant

A quelques pas de là, se niche la médersa Ben Youssef, foyer coranique et joyau d'architecture. Monumentalement enivré, le visiteur redescendra par les kissarias pour se plonger dans le cœur battant de la ville. Odeurs, couleurs, senteurs. Multitude d'échoppes dûment achalandées. Aussitôt sorti de ce labyrinthe éblouissant, il sera assailli par les clameurs qui émanent de la mythique place Jamaâ El Fna.

Dans ce théâtre ahurissant, se côtoient, chaque jour que Dieu fait, musiciens, gargotiers, bateleurs, saltimbanques, conteurs, charlatans, diseuses de bonne aventure, charmeurs de serpents, guérisseurs, pickpockets et pique-assiettes. Étourdissant ! Empli de couleurs, d'odeurs et de rumeurs, on aspire impatiemment au calme…

Alors, en bifurquant vers la porte Agnaou, et avant de la franchir, il ne faut pas manquer de savourer la beauté de ce monument almohade, de bleu-gris sorti et d'inscriptions coraniques orné. Ensuite, ce sont les imposants tombeaux saâdiens qui invitent au recueillement. La chaleur est accablante et le besoin se fait sentir de faire cap vers des climats plus doux. La Ménara avec son bassin et ses vergers est tout indiquée. Ou encore le jardin Majorelle dont on a vanté la luxuriance, l’exubérance et le mystère…

 

Dar Si Saïd, musée national du tissage et du tapis

© Travelguide Marrakech

 

Planté au cœur de l’ancienne médina de la ville ocre, ce palais édifié au cours de la seconde moitié du XIXème siècle par le frère de Ba Hmad, le ministre de la guerre Si Saïd Ben Moussa, est un véritable joyau architectural. Après la mort du maître de céans, le protectorat français transforme l’édifice en siège des chefs successifs de la région de Marrakech. En 1932, les bâtiments sont attribués à la Direction générale d’instruction publique des beaux-arts et des antiquités, pour y installer les bureaux du Service des arts indigènes, un musée d’art ancien et des ateliers d’artisans. Les locaux furent répartis, après l'indépendance, entre le Service de l'artisanat et un musée.

Celui-ci, musée Dar Si Said de Marrakech, fut rebaptisé à l’initiative de la Fondation nationale des musées (FNM) «Musée national du tissage et du tapis», comptant à son action des collections en bois d’architecture rurale et citadine, d’objets liturgiques constitués d’une cuve d’ablution en marbre, d’un minbar, de chapelets, de tablettes coraniques en bois, des corans, des bijoux, des poteries et céramiques, des armes, des tapis, des broderies et des objets en cuir. On y trouve aussi des objets métalliques et d’autres en plâtre conservés.

Le lieu abrite actuellement «Créations d’hier et d’aujourd’hui», une exposition (1) qui, selon un parcours scénographique, met non seulement en relief la richesse et la diversité du tissage marocain, mais met aussi en orbite le tapis en tant que véritable jalon social et historique. Une occasion de redécouvrir ou d’en apprendre davantage sur un art traditionnel pérenne, emblématique de la culture marocaine.

Comme tout produit culturel, le tapis présente des spécificités propres à chaque région aussi bien au niveau technique qu’esthétique. Si sa confection se déroule à l’échelle nationale, sa typologie peut être ramenée à deux grandes catégories. Rural ou citadin, l’authenticité de ce savoir-faire se manifeste, certes, à la fois dans les supports utilisés (velours, brocart, cuir, laine…) que dans les produits obtenus (caftans, sacs, babouches, handira, jellaba…).

Le tapis citadin se concentre dans la région de Rabat, Médiouna et Casablanca. Il offre bien souvent une forme rectangulaire avec un encadrement de plusieurs bandes timbré d’un médaillon octogonal au centre. Quant au tapis rural, il est tissé au Haut-Atlas, dans la région de Marrakech-Tensif, dans l’Anti-Atlas ainsi qu’au Maroc oriental. Dans la région de Tansift, les tapis se singularisent par l’emploi de laine teinte de rouge brique et se distinguent par un répertoire entre le registre floral et géométrique. Ceux du Haut Atlas sont fabriqués à partir d’une laine naturelle ou teinte. Son champ est soit organisé autour d’un médaillon central encadré par des motifs souvent symétriques, soit ornementé d’une succession de bandes transversales de largeur variable avec un caractère géométrique accentué.

 

Dar El Bacha, musée des confluences

© Suzanne&Pierre

 

Au cœur de l’ancienne médina de Marrakech se tient une demeure seigneuriale construite dans les années 1910, exemple type du riad composé d’un jardin entouré de 6 pièces sur ses quatre côtés. Un lieu majestueux, fantastique par son architecture et par la beauté de son ornementation. Géré également par la Fondation nationale des musées, et ce depuis 2015, il offre gracieusement à voir une sélection d’objets déclinant les apports culturels et patrimoniaux matériels ou immatériels, qui ont forgé l’identité du pays.

Le parcours de «Le Maroc, Richesse/Diversité», une exposition se tenant jusqu’au 5 septembre, connait cinq haltes offrant un aperçu sur l’époque antique au Maroc moyennant une sélection de bronze trouvée dans les sites archéologiques les plus importants du Royaume, tels que Banasa, Thamusida et Volubilis; sur les bijoux traditionnels; sur le patrimoine judéo-marocain; sur la céramique de Fès, un art haut en couleur; sur les arts islamiques à travers des «morceaux choisis».

 

 

 

*(1 ) Le plus ancien spécimen conservé remonte à 1787 et provient de la région de Chiadma.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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