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Un jour, une œuvre : Le surréalisme à toutes les sauces

Un jour, une œuvre : Le surréalisme à toutes les sauces
 
Mouvement artistique, littéraire et philosophique dont le poète André Breton a publié le premier Manifeste en 1924.
 
Autour de lui s’est constitué le groupe surréaliste, constellation de poètes et d’artistes dont les activités se sont prolongées jusqu’à la fin des années 1930, quelques temps après la mort de son fondateur, en 1966.
 
En 1924, il avait donné la définition esthétique suivante : «Surréalisme, n.m. : automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée». Le mot lui-même a été inventé par Guillaume Apollinaire.
 
Rare trajectoire
 
Avant-garde familière au grand public, le surréalisme est le seul mouvement artistique du XXe siècle devenu si populaire que le mot est passé dans la langue quotidienne, synonyme de «bizarre», «invraisemblable», «extravagant», ou «absurde».
 
Le surréalisme, en 1924, était une révolte antibourgeoise, antipatriotique, antimilitariste, antireligieuse. Sa revue s’appelle : La Révolution surréaliste. Ses membres ne cherchent pas à faire l’unanimité – ou alors contre eux. 
 
Le renversement qui en a fait une référence populaire n’en est que plus remarquable. Son histoire est celle d’une acclimatation qui a trop bien réussi, jusqu’à la banalisation.
 
Les révolutionnaires surréalistes, ennemis déclarés du capitalisme dans les années 1920, communistes pour certains, ont ainsi été rattrapés par l’argent. Désormais, leurs œuvres sont matière à spéculation. Et à recyclage publicitaire-suite logique du processus. 
 
Quand, en 1968, Dali, yeux écarquillés et moustache élastique, proclame à la télévision «je suis fou… du chocolat Lanvin !» ou vante Perrier ou des collants, ses anciens camarades n’y voient que la preuve de sa déplorable cupidité.  
 
Aujourd’hui…
 
On y verrait plutôt le premier signe de la récupération publicitaire, du surréalisme. Le «ceci n’est pas une pipe» de Magritte a été détourné, entre autres annonceurs, par Siemens, British Airways ou Terre solidaire. 
 
Les figures préférées du groupe – collage, objets surdimensionnés, hommes hybridés, montres molles – ont tout fait vendre, des ordinateurs à la vodka.
Gérard Durozoi ne s’en étonne pas : «La publicité cherche à marquer l’imaginaire des gens, or les images surréalistes sont frappantes. L’étalage publicitaire utilise des objets qui n’auraient pas dû être présents pour attirer le regard». Même recyclage par la mode et le star-système.
 
Le surréalisme est partout, mais dans quel état ?
 
 «Quelque chose de lui a gagné, mais il s’agit en réalité d’une défaite : ce sont les aspects les plus superficiels qui sont restés», observe Gérard Durozoi. 
 
Louis Janover, dissident du mouvement dans les années 1950, est aussi sévère : «L’usage actuel du mot ‘surréalisme’ et de son adjectif, leur banalisation absolue, exprime exactement le contraire de ce qu’ils signifiaient au départ. La subversion a remplacé la révolution. Toutes les idées qui triomphent courent à leur perte, dit Breton, et le surréalisme en est la plus parfaite illustration».
 
*Peinture : René Magritte, «La lampe philosophique», 1936.
 
 
Par R.K.H
 

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