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Un jour, une œuvre : «Interdit de bourlinguer...», restez scotchés à la fenêtre

Un jour une œuvre : «Interdit de bourlinguer...», restez scotchés à la fenêtre

Voilà une photographie qui, à première vue, mérite à peine un regard. Négligemment, par la fenêtre, des personnes – sans doute une famille – regardent et attendent qu’on leur annonce le déconfinement, ou mieux, qu’on leur annonce la décapitation du coronavirus. Car tout le monde le sait, on restera cloitré chez nous tant que l’ennemi rôde toujours.

Alors, qui ose les regarder ? Rentrer dans leur intimité ? Et même, qui se permet d’immortaliser en plan serré ces petites gens ? C’est le photographe, Wassel Youssoufi, l’œil attendri par les petits riens et par l’oisiveté du quotidien ces derniers temps.

Le photographe, l’air de rien, s’attarde pour en retenir l’essentiel : une petite famille, privée de sortie, regardent par la fenêtre. Mais que regardent-ils ? Peut-être les forces de l’ordre incitant les gens à regagner leur demeure, un chien qui traverse la rue, un fou qui hurle, une personne qui enfreint les règles du couvre-feu, … Si bien que devant son objectif, le rien se transforme en scène et l’on observe dans cette image, a priori anodine, l’expression perplexe, teintée d’embarras, d’une famille qui se découvre observée. Avant que le vieux ne surprenne l’œil de l’objectif braqué sur eux, il s’abandonnait sans doute, dans une routine somnambule, à cette jouissance qui consiste à laisser errer ses yeux sur le paysage, à feuilleter le spectacle du dehors, sans y participer.

La fenêtre a cessé d’être une frontière étanche entre le dedans et le dehors, le silence et le bruit, l’isolement et la foule -cette césure par laquelle il est possible d’observer le monde comme s’il ne nous voyait pas. L’espace d’un instant (celui que s’accorde la petite famille pour regarder), elle devient le portail qui la relie au dehors.

Comme des miroirs, ces personnes nous observent -même si de dos- et confirment qu’il s’agit bien là, dans cette photographie, d’une histoire de regards : celui du photographe, le nôtre, le vôtre et celui de la petite famille, confinée chez elle en attendant des jours meilleurs.

 

Par R.K.H

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