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Un jour, une oeuvre : Gnaoui on fire…mais aussi so rock !

Un jour, une oeuvre : Gnaoui on fire…mais aussi so rock !

Hassan Hakmoun est un beau gnaoui à la touche rockeur. Il fait partie des rares musiciens gnaouis qui ont franchi les frontières des zaouias et s’ébrouent sur les grandes scènes internationales. Retour sur ses débuts.

     

Hormis les initiés, peu savent que Hassan est si prodigue qu’il enchaîne projets groovy et concerts jazzy aux Etats-Unis. Très tôt, il découvre la musique gnaoua, car il y est né. À Marrakech en 1963. Il est tombé dès sa naissance dans la marmite gnaouie, mais il n’avait pas droit à la potion magique. Sa maman, mqadema (chef de la confrérie), ne l’entendait pas de cette oreille. Elle comptait bien veiller sur ses graines quand même. Elle décida de l’éloigner de la confrérie, l’incitant à pousser le plus loin ses études.

Pour autant, l’enfant n’a pas renoncé à sa soif. En attrapant le virus, il s’y adonna d’abord dans le secret et alimenta sa passion en côtoyant les grands maîtres. Ils le guidèrent vers le droit chemin, qu’il s’est évertué à suivre. Il accomplit son apprentissage avec tant de ferveur à telle enseigne que Hassan conduisit une lila, ou du moins, l’enfant, alors âgé de 14ans, assura le guembri lors d’une lila (nuit de transe). Car la mami s’est plantée, son maalem ne s’y est pas prêté. Il brûla donc les étapes.

En parallèle, il apprend à goûter Michael Jackson. Il découvre Miles Davis et d’autres. Il s’en grise les tympans à longueur de journées, s’en empiffre gloutonnement et ne s’en rassasie jamais. Jusqu’à ce qu’un imprévu ne vienne infléchir le cours de sa destinée : il part, en 1987, aux USA. Spectacle donné mais il décide d’y rester. Il voit grand et compte se faire un nom. Il décida donc de donner une nouvelle dimension à son art, à sa musique. Il s’y essaya dans un registre jazz trituré de gnaoua, et pimenté de rock. Il s’en est sorti avec brio.

C’est au Lincoln Center à New York City avec Etian and Blanca Lee’s Trio Gna & Nomadas Dance Group que Hassan fait ses débuts. Richard Horowitz, célèbre compositeur américain de musiques de film, lui «a été d’une grande aide à cette période», reconnait Hassan.

Un gnaoui so groovy

L’est-il ? Dans Zahar, son premier album enregistré en 1990, oui. Grave. Ici, gnaoua et jazz s’entremêlent, avec des petites taches folk.

Là, Hassan swingue, il fait régner l’intelligence sur la dextérité, il développe ses idées, poussées dans les reins par la rythmique. Avec la sortie de Trance, en 1992, moyennant des sonorités jazz, des tonalités néoclassiques de la musique occidentale contemporaine, et une touche personnelle gnaouie, Hassan vogue sur la World Music.

Sitôt apparu sous les projecteurs, le visage de Hassan disparaît, masqué par les sollicitudes, critiques et quelques récompenses qui bardent la pochette de son album Fire Within. Un opus qui, non seulement, fut porté au top des Charts pour la World Music Albums, World Music Charts Europe, New World and CMJ’s Radio Top 150, mais fut également choisi par le magazine Rolling Stones comme l’un des meilleurs albums de l’année 1995. Il s’impose, la transe au bout des doigts. Finement. Audacieusement. Magnifiquement. Pour son passage au Woodstock, gravé à 31 ans, il a fait mouche dans un choix de sonorités jazzy et rythmes gnaouis, mais plus funky, parfois passées d’un air rap. Il terrorisa nombre de ses aînés. Un brûlot ! La dynamique bondissante des percussions, le vibrato intense et épuré d’une guitare et un guembri qui appartient déjà authentiquement à Hassan Hakmoun : plein, clair, mordant et tendre à la fois. Musicien accompli, Hassan varie les attaques et les climats avec un goût parfait. Souverain, il maîtrise la moindre ligne musicale dont il sculpte la polyphonie sousjacente. La cacophonie carrément, des fois.

Les grandes performances de Hassan Hakmoun ont reçu des lettres d’admiration de la part de grandes figures aux USA. Son travail a été largement salué par le New York Times et la British Broadcasting Corporation.

Il collabore avec des musiciens comme David Sanborn, Peter Gabriel, et The Kronos Quartet et sort un album en 2002 qu’il intitule The Gift, en collaboration avec le producteur Fabian Alsultany, où il marie brillamment la musique Gnaoua et la musique traditionnelle arabe. Pour cet album, Hassan a reçu, à Orlando, le prix de l’Association for Independent Music (AFIM) Indie, comme le meilleur enregistrement World Music au monde.

Hassan est invité dans tout ce qui se fait autour du jazz et de la World Music aux USA.

 

Par R.K.H

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