Même avec l’explosion du streaming, le CD, ou Compact Disc, semble ne pas avoir dit son dernier mot 40 ans après son apparition.
Le CD, ou Compact Disc, lancé sur le marché le 17 août 1982 par Sony et Philips, a beau fêter ses 40 ans le mois dernier, il n’est plus le format de prédilection de diffusion de la musique enregistrée, supplanté depuis belle lurette par le MP3 et le peer-to-peer après 2002, puis les plateformes de streaming aujourd’hui. Quant au vinyle, il demeure ce produit de luxe, inaccessible à une jeunesse bien trop occupée à boucler ses fins de mois et à lutter contre le réchauffement climatique (pardonnez-la).
On le décrit souvent comme étant froid, on lui reproche de manquer de charme et on ne lui prédit pas un grand avenir, pourtant, un certain allumé continue de l’affectionner. Dès que ce dernier bientôt quinquagénaire se rend à Casa, il ne manque pas d’aller faire un tour chez les quelques emblématiques disquaires encore ouverts. Il en ressort généralement avec une quinzaine de disques sous les bras, compacts. Si cet amateur de musique consomme également du vinyle et du streaming, le CD reste son format préféré. «L’inconvénient avec le streaming, c’est que le jour où tu arrêtes ton abonnement, tu perds tout. Parfois, même des morceaux disparaissent d’un album pour des raisons de droits. Quand tu l’achètes en CD, au moins c’est définitif, tu en es propriétaire et tu peux le numériser ensuite facilement sur ton ordinateur, ce qui est plus compliqué avec un vinyle. Et puis aujourd’hui, on touche les CD pour pas cher.»
«Au début des années 2000, il y avait plus de points de vente physiques», se souvient-il. A cette époque, les usagers venaient emprunter les galettes argentées pour graver chez eux leurs propres CD ou pour les encoder sur leur PC. Depuis, le support vit un désamour. «Il y a d’abord eu le téléchargement, légal ou illégal, et tout s’est accéléré dans les années 2010 avec les sites de streaming», témoigne un mordu de ces disques optiques.
Les usagers désertent clairement les rayonnages depuis l’arrivée du streaming. «Les PC n’ont plus de lecteur CD tout comme les autoradios, poursuit-il. Et nombreux sont ceux qui n’ont même plus un lecteur de salon.»
Et nombreux sont ceux qui écoutent aujourd’hui de la musique en streaming, majoritairement par le biais des abonnements payants. Sans surprise, le rap et les musiques urbaines restent les genres les plus écoutés. On en connaît les raisons : les artistes rap sont plébiscités par les 10-20 ans, ceux-là même qui utilisent le plus les plateformes comme Spotify, Deezer, YouTube ou TikTok et qui font tourner les titres en boucle dans leurs oreillettes. Basique, mais pas si simple. Car la boucle n’a rien de totalement vertueux. Elle soulève au contraire nombre de questions, qui vont de la répartition des droits… au piratage, en passant par la diversité des musiques mises en avant sur les sites d’écoute. Et montre au passage comment les changements de pratiques culturelles et leur appropriation en fonction des âges modifient parfois en profondeur la physionomie d’un secteur.