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Musique : Hashym, un homme de l’ombre

Musique : Hashym, un homme de l’ombre

Il est le chef d’orchestre de la carrière de quelques rappeurs (notamment Anys et Abduh). Bien qu’il soit inconnu du grand public, son flair et son talent en font un visionnaire du monde de l’entertainment. Plus que détendu, on s’est posé un long moment avec lui pour discuter. On vous raconte tout ça, dans ce gentil-papier.

Par R. K. Houdaïfa

Photo © SOULAIMANE BOUZIANI

 

Les uns, la majorité, disent «manager»; les autres, «agent d’artistes». Ceux restés bloqués dans les années 70 parlent encore d’«imprésario». C’est une profession de réactivité et d’endurance. Qui réclame des compétences transversales, ordonne investissement, passion, patience, tempérament protecteur.

Né il y a 23 ans à Marrakech, Hashym Benmessaoud a baigné dans le rap depuis ses plus jeunes années. Et comme tout groupie, il rêvait, lui aussi, d’affronter un jour la «scène», mais son destin voulait qu’il brille dans l’ombre. Ce qui était pour le dilettante un exercice récréatif se mua aussitôt en nécessité intérieure. Alors Hashym, dans le dessein de «se forger une identité», se mit à écumer les showcase français (grâce à ses allers-retours à l’étranger, il a pu côtoyer certains collectifs parisiens influents) et de s’arrimer à ceux des MCs marocains (il avait tissé des liens encore plus solides avec les mastodontes du rap du bled, surtout issus de la ville ocre). Quelques années plus tard, notre jeune homme aux dents longues décide de voler de ses propres ailes et enchaîne les projets en tant que promoteur d’événements artistiques. Il rejoint, par la suite, Palmen Production fondée par le diplômé en rap et autres activités planantes Soufiane Fahssi.

 

A la fois dans l'ombre et en première ligne

«J’écoute tout - que j’aime ou non. Même si je t’avoue qu’il y a eu des moments où ça m’a un peu plus saoulé. Mais en règle générale, j’écoute vraiment beaucoup (...) Comme j’étais dedans, je voyais le rap d’un autre œil. Un peu à la façon d’un type qui bosse dans le cinéma, il ne regarde pas les films de la même manière. C’est pareil avec la musique», nous dit-il.

C’est un peu comme ça qu’il tombe sur Abduh. Ni une ni deux, l’ambitieux propose à ce dernier qui n’est encore qu’un artiste en herbe de cesser de marcher sur un fil fragile et suivre ses conseils. Hashym voulait le représenter, comme il nous l’a d'ailleurs souligné lors de notre rencontre.

Un tournant qui marque le commencement de son ascension irrésistible. Depuis lors, Hahsym gère la carrière de l’éternel adolescent aux quelques sons lâchés sur le net (Zimbabwe; Mhuri; Sap; Hazard; Mark), mais aussi celles d’Anys, qui a rejoint sa prestigieuse écurie de talents.

Le cœur de métier du management, tel qu'il a toujours été et tel que notre aimable hôte l'exerce, consiste à «proposer des conseils aux artistes et de représenter leurs intérêts». Et pour éclairer encore plus notre lanterne, il nous explique qu’il «travaille avec les artistes sur tout ce qui concerne la production au sens large (réalisation et fabrication de titres, EP ou albums, de vidéos, de spectacles, de merchandising…), comme sur les questions de marketing et de promotion. C'est-à-dire tout ce qui va générer des ventes ou de la notoriété pour l'artiste». Certes, Hashym, lui, n'est propriétaire de rien; il ne donne que naissance aux idées de ses artistes en les accompagnant dans toutes leurs envies et créations : «ils restent propriétaires de tout ce qu'ils créent, je leur propose juste des services et des conseils sur tous les aspects de leur création».

Hormis l'hypothèse d'être en charge d'artistes bankables dans la durée, le métier ne cohabite pas avec l'assurance de confortables retombées financières. Ceux qui n’ont pas des artistes installé.e.s ne se permettent pas d’être un petit peu sereins et jettent l’éponge trop vite. «C'est très compliqué. Il faut, selon Hashym, une foi inébranlable en soi. On n'a pas vraiment connaissance publiquement de ce que l'on fait, alors que les actions au quotidien sont colossales».

MCs, à vos mics ! 

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