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Motonobu Kasajima : «Notre Délégation a toujours eu à cœur de soutenir la jeune création marocaine»

Motonobu Kasajima : «Notre Délégation a toujours eu à cœur de soutenir la jeune création marocaine»

Se plaçant sous le signe de l’ouverture et du partage, la Délégation générale se donne pour vocation d’assurer la représentation diplomatique de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles auprès des autorités marocaines, de vivifier le champ culturel marocain, de valoriser les échanges entre créateurs, artistes et professionnels des industries culturelles et créatives, ou encore de soutenir financièrement, techniquement et artistiquement quelques festivals et institutions culturelles émergents… Vaste programme, noble dessein.

Entretien avec le Délégué général de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Rabat, Motonobu Kasajima. Cheville ouvrière et fervent baliseur.

 

Propos recueillis par R. K. Houdaïfa

Crédit photo : ©️ J. Van Belle - WBI 

 

 

Finances News Hebdo : La Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Maroc. Dites-nous quelques mots...

Motonobu Kasajima : La Délégation générale assure depuis 1999 la représentation diplomatique de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles auprès des autorités marocaines. Elle fait partie d’un réseau de Délégations générales déployées dans une quinzaine de nos pays partenaires. Avec la langue française en partage ainsi qu’une forte communauté de Belges d’origine marocaine sur le territoire belge, les partenariats sont nombreux entre nos institutions, nos provinces et nos villes, nos universités et hautes écoles, mais aussi nos entreprises et nos associations.

 

F.N.H. : Parlons un peu de vos activités… 

M. K. : La Délégation générale assure le suivi des accords signés entre nos gouvernements dans les domaines qui sont de la compétence de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Historiquement, un premier bureau économique de la Wallonie a été ouvert à Casablanca il y a plus de 30 ans, suivi par un bureau de notre Agence de coopération APEFE à Rabat il y a 25 ans, avant l’ouverture de la Délégation générale en 1999. Nos collaborations avec le Royaume du Maroc touchent à la fois le secteur économique avec des missions régulières d’entreprises wallonnes en vue d’y développer des affaires, l’éducation avec la présence de deux écoles belges à programmes d’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Casablanca et Rabat, l’enseignement supérieur puisque nos universités et Hautes écoles belges francophones accueillent chaque année de très nombreux étudiants marocains ou encore la culture avec de nombreux échanges entre créateurs, artistes et professionnels des industries culturelles et créatives.

Depuis plus de vingt ans, la Délégation générale accompagne également de nombreux projets de coopération au développement dans les secteurs des Eaux et Forêts, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, de l’entrepreneuriat ou encore du préscolaire.

 

F.N.H. : Quels sont les défis relevés ? 

M. K. : Les actions menées par nos opérateurs belges francophones s’inscrivent toujours dans une logique partenariale en soutien aux politiques de réforme et de développement du Maroc. Elles évoluent donc avec le temps pour être au plus près des préoccupations des Marocaines et des Marocains, comme c’est le cas pour la généralisation d’un préscolaire de qualité ou le développement régional de tous les territoires.

 

F.N.H. : Sur le terrain culturel, quelle action la Délégation générale Wallonie-Bruxelles mène-t-elle?

M. K. : Depuis son ouverture en 1999, la Délégation générale a toujours eu à cœur de soutenir la jeune création marocaine. C’est ainsi que l’Institut national des Beaux-Arts a bénéficié durant de nombreuses années d’une coopération académique avec nos Hautes écoles artistiques qui a débouché sur la création d’un département de la bande dessinée à Tétouan. De ce département, naissent les premières générations de bédéistes marocains et dont certains talents s’exportent à l’étranger.

La Délégation générale a soutenu financièrement, techniquement et artistiquement quelques festivals et institutions culturelles émergents qui ont trouvé leur place dans le paysage marocain. Que l’on pense aux Festivals On marche à Marrakech, Visa For Music à Rabat, L’Boulevard à Casablanca, FIDADOC à Agadir ou encore le Forum de la Bande dessinée à Tétouan, la Délégation générale a su faire confiance dès les premières années à des jeunes opérateurs qui travaillent souvent dans des conditions difficiles.

 

F.N.H. : Les événements majeurs, tels que L’Boulevard ou encore Festival d’Essaouira Gnaoua et Musiques du monde, bénéficient de soutiens, notamment celui de la Délégation générale Wallonie-Bruxelles, et les exemples sont nombreux... 

M. K. : Durant des années, la Délégation générale est intervenue discrètement auprès des opérateurs en mobilisant des techniciens belges qui ont assuré les premières régies tout en formant des jeunes marocains au métier. Elle a également invité de nombreux journalistes belges à couvrir les événements au Maroc et les faire rayonner davantage encore à l’international.

Elle a également facilité de nombreuses rencontres artistiques en soutenant la participation d’artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles invités à se produire sur les grandes scènes marocaines. J’ai par exemple en tête la rencontre incroyable entre les musiciens Majid Bekkas et Manu Hermia qui se sont encore produits ensemble sur la scène gnaoua d’Essaouira en 2019 et que l’on retrouve sur le dernier album que Majid vient de sortir.

 

F.N.H. : Et donc, vous constituez une alternative pour les événements en matière de financement… 

M. K. : La Délégation générale n’est pas une agence de moyen et n’a pas vocation à se substituer aux services publics marocains. Elle intervient de manière ponctuelle sur des projets qui mettent en lien des acteurs marocains et belges.

 

F.N.H. : Rencontrez-vous des contraintes dans l'exercice de vos programmes ?

M. K. : Nous sommes sollicités par de très nombreux opérateurs culturels que la crise du COVID-19 a fortement fragilisés. Par ailleurs, la fermeture des frontières et le confinement n’ont pas permis aux artistes marocains d’aller à la rencontre de leurs publics. Nous tentons de les accompagner lorsque nous le pouvons pour atténuer les effets désastreux de cette crise qui a touché tout le monde.

 

F.N.H. : Avez-vous des impératifs au niveau des activités que vous soutenez ? 

M. K. : Comme je l’expliquais, la politique de coopération culturelle que Wallonie-Bruxelles mène avec les partenaires marocains depuis plus de 20 ans est avant tout basée sur l’écoute et le partage. De nombreux artistes et acteurs belges nous répètent qu’ils ont beaucoup à apprendre en venant au Maroc. Ce sont ces échanges qui nourrissent le dialogue culturel et donc diplomatique entre nos deux pays.

 

F.N.H. : Pensez-vous que la culture peut être un vecteur de développement ?

M. K. : La culture et la créativité comme levier de développement du Maroc sont placées à plus haut niveau des objectifs de développement du pays. Ce n’est pas moi qui le dit mais le Nouveau Modèle de Développement du Maroc. C’est également une des recommandations que développent nos experts qui ont réalisé l’étude sur les transformations des ICC au Maroc pour le compte de la Délégation générale et de la Fédération des Industries culturelles et créatives de la CGEM. Ces industries sont génératrices de richesses, créatrices de nombreux emplois mais aussi acteur du développement socio-économique d’une ville, d’une région ou d’un pays comme le Maroc.

Cette étude sortie en janvier 2022 a été largement relayée dans le secteur et dans les médias marocains. Elle a été initiée par la Délégation générale pour aider les Marocains et leurs partenaires à mieux appréhender un secteur en pleine mutation et comprendre les enjeux de son développement tant sur le territoire marocain que sur le marché mondial.  Une manière pour Wallonie-Bruxelles et sa représentation diplomatique au Maroc d’affirmer son soutien au secteur culturel, et sa volonté de soutenir la professionnalisation et la structuration d’un marché en plein émergence et avec lequel Wallonie-Bruxelles souhaite collaborer davantage à l’avenir.

 

F.N.H. : En quoi faisant ?

M. K. : Sur base des résultats de cette étude, nous avons poursuivi le dialogue avec la FICC et de nombreux opérateurs culturels ainsi que le Ministère de la Culture pour dessiner les contours d’un nouveau programme de coopération culturelle qui s’étalera de 2023 à 2027. La Délégation générale poursuivra son soutien aux jeunes talents mais aussi à la création de jeunes entreprises dédiées à la culture et la création. La question de la professionnalisation et l’internationalisation des ICC sera au cœur de notre nouveau programme.

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