Du 23 au 30 septembre se tiendra la IIème édition du Marrakech Short Film Festival. 30 films représenteront 12 pays, certains inattendus comme la Serbie, l’Ukraine ou la Pologne. Un invité d’honneur: la Palestine. Ouverture aux talents émergents, conférences et Masterclass, cette édition veut servir une seule cause : le court métrage. Un bon cru en perspective.
Par R. K. H.
Marrakech Short Film Festival fait figure d’exception dans le lot des manifestations rituelles. Quand celles-ci s’articulent autour du théâtre, de la danse, de la littérature ou de la musique, il choisit, lui, de surfer sur les vagues d’un cinéma. Et pour se singulariser encore plus, il plante, d’un côté, le décor dans des endroits mythiques de la ville ocre (Palais Badii, Arset Moulay Abdessalam, The Source Hotel, Dar Cherifa et Mbacha) et de l’autre, il ne se pose pas comme une luxueuse chasse aux diplômes, un «bachotage» de prix. Il se veut essentiellement «une passerelle entre l'industrie du court métrage et Marrakech», mais également «une plateforme favorisant l’industrie de production des courts métrages ainsi que la valorisation du patrimoine de salles de cinéma abandonnées au Maroc», soulignent les concepteurs de Marrakech Short Film Festival.
Pas moins de 30 films seront donnés à voir, dans diverses sections. C’est ainsi que figure parmi les films marocains en compétition «Ultimate Ink» de Yazid Elkadiri, «Mr. Alligator» de Haytam Moukrim, «Charter» d’El Houssine Hnine, «The Dust» de Tarik Rasmi, «Tender Threads» de Ouijdane Khallid et «Parfum» de Houssain Chani.
Par ailleurs, ceux qui seront projetés hors-compétition sont: «Saad» de Mohammed Ech-chaibi, «L'Alliance» d’Aziz Lechgar, «L'Invisible» de Reda Sabor & Hamza Makdoum et «Remords» d’Ayoub Boudadi.
Surprise de taille
Cette année, le festival se distingue aussi par une originalité : pleins feux sur la cinématographie palestinienne, avec une sélection «importante» de dix courts métrages sous la direction de la productrice May Odeh en partenariat avec le Palestinian Film Institute et en collaboration avec l'Ambassade palestinienne : «White Elephant» de Shuruq Harb, «A Boy, A Wall, and A Donkey» d’Hany Abu Assad, «Stones in Hand» de Mo'min Swaitat, «Ismail» de Nora al Sharif, «Bethlehem» d’Ibrahim Hanthal, «Serri Merri» de Louy Awwad, «The Cup Reader» de Suha Araj, «Leel» d’Ahmad Saleh, «Farawla» d’Aida Kaadan et «Your father was born 100 years old, and so was the Nakba» de Razan Elzin Saleh. Les amateurs du genre se régaleront, les récalcitrants gagneraient à se forcer la main.
Le prodige qui, en deux ans, a atteint les rivages de la maturité, ne déroge pas à son principe vivifiant : former un espace de dialogue, d’échange et d’ouverture. Il n’y a pas meilleur moyen de s’imprégner de cultures distantes et donc de forcer les barrières existantes que de visiter leurs cinématographies. La manifestation mettra le festivalier dans l’embarras du choix; lui offre généreusement un voyage parmi les productions du monde. Ainsi, celle de la Serbie («Blue Frontier» d’Ivan Milosavljevic), de l’Ukraine («Anna» de Dekel Berenson), d’Israël («I shrank until there was nothing left» d’Odelia Atlasovitch), de la Pologne en partenariat avec l'Ambassade de la Pologne et le Munk Studio Polish Filmmakers Association («The Stone» de Bartosz Kozera), de la Turkey («Sıradan Bir Gün - An Ordinary Day» d’Arda Gökçe), de la Grèce («The girl who couldn't sleep» de Sofia Antoniou), de l’Allemagne («You by me - Part III» de Christian Niccoli), de l’Italie en partenariat avec l'Ambassade de l'Italie et le Centre culturel italien à Rabat («Babal» de Teodora Pampaloni Spielberg), de l’Arménie («Appelé» de Louise Martin Papasian), de la France («Alia» de Zahra Berrada). Ce qui nous promet la joie de découvrir des continents, des peuples et des imaginaires particulièrement attrayants.
Mais une fête aussi somptueuse ne peut réussir pleinement sans feux d’artifice. Ils prennent ici l’aspect de conférences et de Masterclass avec la participation de la productrice Franco-marocaine Lamia Chraibi, le réalisateur marocain Daoud Oulad Siyed, la réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovic et le producteur égyptien Muhammad Taymour… Des moments de bonheur dans une édition qui n’en manquera pas sûrement. Rendez-vous donc à Marrakech.