Vendredi 18 février, à l’Institut français de Rabat, le dramaturge, écrivain et essayiste, Driss Ksikes*, a présenté son nouvel ouvrage sobrement intitulé «Les sentiers de l’indiscipline».
Un essai littéraire considéré comme une ode à «l’indiscipline» pour sortir des sentiers battus et des cadres définis. Aussi, il met en exergue des portraits de quelques figures (philosophes, écrivains, penseurs...) qui ont «marqué par leur indiscipline leur démarche» scientifique.
L'essai de 309 pages s'ouvre sur un «Pré-texte», qui traite des divers sentiers de l'indiscipline arborant l'image des artistes, savants, lettrés ou tout simplement passionnés «résolument réfractaires aux dogmes, qui pensent hors de toute chapelle et se mettent en quête de sens sans prétendre en donner».
L'auteur a, à travers son livre structuré, tenté de définir «quand même» l'indiscipline, adoptant une fable personnelle, un anti-dictionnaire et s'accoudant à son carnet de bord, avec un envers du regard et des portraits de penseurs notamment celui de Fatema Mernissi, qui selon l'auteur représente «l'indiscipline d'une féministe, qui se veut irréductible à son étiquette et ne se décrète pas. Elle s'incarne (in)consciemment, patiemment, comme un dessein secret, éprouvé».
Il a en outre mis en avant une «éloge» du non-savoir, qui est à la fois mystique, socratique, psychanalytique et enfin fortement revendiquée par des écrivains de fiction à l'écoute du monde réel.
Driss Ksikes offre aux lecteurs un tapis de citations philosophiques sur le sujet notamment avec l'écrivain japonais Haruki Murakami, avec une déclaration où il explique qu'il a «appris par la pratique, bien plus que dans les universités, les multiples facettes de l'humain».
Invitant à sortir de l'entre-soi, premier pas éthique, nécessaire pour déconcentrer son propre regard, l'écrivain affirme dans son livre une prise de conscience d'un besoin éminent «d'air», basée sur l'observation, le changement de point de vue pour ainsi se libérer des entraves qui l'empêchaient d'être pleinement citoyen.
Pour lui, «l'indiscipline amène constamment à regarder les choses de manière oblique, à ne pas se suffire de ce qui est donné à consommer, à s'astreindre à le penser, l'interroger et pour mieux le comprendre, s'accorder des détours inattendus».
* Driss Ksikes dirige le centre de recherche Economia-HEM et mène des travaux à l'intersection de l'art, de la culture, des médias et de l'espace public. Il a reçu le prix Grans Atlas en 2015 pour «Le Métier d'intellectuel, dialogues avec quinze penseurs du Maroc», avec Fadma Ait Mous (Ed. En toutes lettres, 2014).