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Livre : «Le mur des paresseux» d’Ali Benziane

Livre : «Le mur des paresseux» d’Ali Benziane

Après une entrée en littérature par la poésie et la parution remarquée de deux recueils de poèmes : «Tingis» et «Couronne d’épines», Ali Benziane vient de publier «Le mur des paresseux», son premier roman aux éditions Orion.

 

L’écrivain basé à Tanger rend hommage à la ville du détroit mais aussi à la musique jazz, à travers l’histoire d’Alcide Benezi, un saxophoniste parisien qui vit dans la nostalgie de sa notoriété passée. Lorsqu’il apprend qu’il est gravement malade et qu’il ne pourra plus jamais jouer, il décide de quitter Paris, son groupe et la femme qu’il aime pour se réfugier à Tanger aux côtés de son ami Nadir Acabache, un écrivain en manque d’inspiration. 
 
Hanté par la présence destructrice de son saxophone, qui est un personnage à part entière du roman, Alcide revient visiter les lieux qui l’ont aidé à trouver l’inspiration et parmi ceux-ci, l’un des endroits les plus emblématiques de la ville de Tanger qui a donné son nom à son succès planétaire «Lazy’s wall (Le mur des paresseux)». Face au mutisme et à l'inertie fatale dans laquelle s'enferme son ami Nadir, Alcide se retrouve livré à lui-même et au fil des souvenirs qui ressurgissent : son enfance, ses débuts dans le jazz, sa rencontre avec sa femme…
 
Bouleversé par sa rencontre inattendue avec Malone, un migrant subsaharien de passage à Tanger, il retrouve peu à peu l’envie de vivre.  Mais cette rencontre aura aussi des conséquences imprévisibles qui entraineront un enchaînement d’évènements à l’issue tragique.
 
Chacune des sept parties du roman est une invitation à explorer les méandres des passions humaines, de la mémoire, du temps, du silence, de l’amour et de la mort, mais aussi l’absence d’inspiration et le désespoir qui en résulte, dans un monde où s’enchevêtrent les destinées, et qui rappelle celui où évoluent les personnages des grandes tragédies grecques. 
 
Le roman possède également une structure narrative particulière qui est une sorte de mise en abyme : on lit l’histoire comme on écouterait «Lazy’s wall», l’album fictif de Alcide Benezi. La structure des chapitres est basée sur celle d’un standard de jazz : un thème récurrent dans lequel on suit l’histoire du héros à la troisième personne, alternant avec des solos qui laissent la parole à d’autres personnages. Le résultat est un roman polyphonique avec un certain rythme qui tend à s’approcher le plus possible du swing, pierre angulaire de la musique jazz.
 
La figure du saxophoniste John Coltrane tient une place importante au sein de l’ouvrage, mais on retrouve aussi d’autres musiciens de légende tout au long de l'histoire, tels Thelonious Monk ou Duke Ellington. Des figures artistiques marquantes de la ville de Tanger, comme Mohamed Choukri ou Francis Bacon, apparaissent également au cours de la lecture. 
 
«Le mur des paresseux» est une tentative de réunir la musique et la littérature qui sont deux arts majeurs complémentaires… à moins que la musique ne soit en fait que l'accomplissement de la littérature…    
 


Aux éditions Orion. Janvier 2022. Disponible en librairies.

 

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