◆ La prise du vaccin antigrippal est recommandée aux sujets à haut risque, notamment la population âgée et les patients atteints de maladies chroniques.
◆ En pleine pandémie et avec la saison d’automne qui s’installe, de nombreux citoyens qui s'injectent le vaccin antigrippal, pensent qu’il est capable de les prémunir contre le coronavirus ou encore renforcer leur système immunitaire.
◆ Dr. Lamia Berny, spécialiste des maladies respiratoires, pneumologue et allergologue basée à Casablanca, nous éclaire sur ce point et bien d’autres en lien avec le vaccin antigrippal et la Covid-19.
Propos recueillis par S. Kassir
Finances News Hebdo : En cette période de crise sanitaire, l’OMS a recommandé d’intégrer le vaccin antigrippal dans le système sanitaire des pays afin de renforcer le système immunitaire et se protéger contre la Covid-19. Dans quelle mesure ce vaccin peut-il contribuer à la protection des citoyens contre la pandémie ?
Lamia Berny : Il faut tout d’abord indiquer que le vaccin antigrippal est fait de quatre souches, deux de type A et deux de type B. La première typologie se constitue du H1N1 et H3N2, tandis que la seconde comprend les deux souches retrouvées aux Etats-Unis et en Thaïlande. Le vaccin antigrippal est fait essentiellement pour contrer les quatre virus précités. Il ne contient donc pas le Sars Cov 2, c’est-à-dire le virus qui cause la Covid-19, ce qui ne fait pas de lui un vaccin qui protège contre le coronavirus. Cependant, l’administration de ce vaccin peut réduire les cas de grippe graves chez la population à risque ou encore chez la population fragilisée.
F.N.H. : Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, faut-il rendre obligatoire le vaccin contre la grippe ?
L. B. : A vrai dire, le vaccin contre la grippe n’est pas obligatoire. Il est recommandé pour les patients à risque, pour les sujets âgés de plus de 65 ans et ceux âgés de moins de 65 ans, mais ayant une pathologie chronique grave.
F.N.H. : Faut-il adopter la même démarche que certains pays européens qui ont permis aux pharmaciens d’administrer le vaccin antigrippal afin de réduire la charge des établissements de santé et de généraliser l’accès au vaccin ?
L. B. : Effectivement, la France, par exemple, a commencé à établir cette démarche depuis 2018. L’objectif était non seulement d’intégrer les pharmaciens, mais aussi les sages-femmes et les infirmiers formés dans la campagne de vaccination qui débute principalement en automne et qui finit à fin janvier de chaque année.
Au niveau national, je trouve que nous ne sommes pas submergés actuellement, en tant que médecins exerçant au Maroc, par le nombre de patients ayant besoin de ce vaccin. Mais si la demande venait à nous dépasser, il est sûr qu’on demandera l’assistance des pharmaciens, sages-femmes et infirmiers afin de rendre le vaccin plus accessible à l’ensemble de la population.
F.N.H. : En tant que professionnelle de santé, quels sont les cas prioritaires ayant besoin de ce vaccin ?
L. B. : Le vaccin antigrippal est recommandé pour les sujets âgés de plus de 65 ans, les patients ayant une maladie chronique (respiratoire ou cardiaque), ceux ayant un cancer ou sous chimiothérapie, les patients obèses de plus de 40 d’IMC, les femmes enceintes, tout comme l’entourage des prématurés, enfants de moins de six mois, souffrant de cardiopathie congénitale, de déficits immunitaires congénitaux ou de pathologies pulmonaires graves.
F.N.H. : Quel rôle jouent actuellement les pneumologues du privé dans la lutte contre la propagation de la Covid-19 ?
L. B. : Le rôle principal des pneumologues du secteur libéral, tout comme celui de tout médecin du secteur libéral, est la prévention, en incitant les patients à respecter les recommandations de l’OMS (distanciation sociale, port de masque, lavage régulier des mains, utilisation du gel hydroalcoolique, etc.).
Nous jouons également un rôle essentiel de diagnostic précoce de l’infection Covid-19, notamment auprès des patients qui nous consultent pour un syndrome grippal, une fièvre, une gêne respiratoire, une dyspnée (difficulté à respirer), ou en cas de douleurs thoraciques. Notre objectif principal est de pouvoir diagnostiquer rapidement la Covid-19 afin de permettre aux patients d’accéder aux soins dans les meilleurs délais, mais aussi pour pouvoir dépister, le plutôt possible, les cas qui ont eu un contact avec le patient testé positif au coronavirus.