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La vie sans les livres est une douleur

La vie sans les livres est une douleur

Dans un pays minimalement alphabétisé, la lecture reste une activité de prestige. «Mon père n’a jamais tenu un livre à la main», s’indigne un ami, pourtant boulimique de la lecture.

Il en est de même de la masse, la population que la lecture intimide ou décourage. Une attitude qui n’est pas forcément liée à une appartenance sociale. La plupart des rupins ne possède pas une bibliothèque dans leurs tapageurs salons et si, d’aventure, quelques ouvrages s’y faufilent, vous pouvez être sûr qu’ils sont là pour la parade.

Les jeunes ne lisent pas par goût mais par obligation scolaire. Et encore ! En outre, ils ont tendance à priser les articles et les textes, au détriment des œuvres… Bref, si l’on excepte un petit corps d’élite, la lecture n’a pas la faveur de nos citoyens.

A quoi servent les livres ? Tout d’abord, à nous extirper de l’ennuyeux enfermement de la vie privée, du cycle fastidieux du travail répétitif et des loisirs frelatés, de la standardisation des divertissements pseudo-culturels.

La lecture a toujours été, en grande partie, un souverain remède contre les dégoûts de la vie.

Dans les livres, ce sont les générations défuntes qui ressuscitent pour nous guider par l’imagination, le rêve, la pensée, sur la voie d’une expérience élargie.

C’est pour cela qu’ils constituent, selon l’heureuse formule de Danièle Sallenave, «le don des mots».

A ceux qui sont dépossédés de ce don que font les morts, il manquera le pont qui va de la vie vécue à la vie revisitée.

«L’unité de la profondeur de toute vie est dans l’appui de la force que lui donne la fréquentation des livres. Cette thèse repose non sur une idée abstraite, mais sur une évidence sensible et une vérité vécue : il y a une douleur de la vie sans les livres», soutient-elle.

Dès lors, on comprend le culte que porte Nathalie Sarraute aux livres sur lesquels elle se jette, dit-elle, comme sur un refuge ou la passion éperdue du héros des «Silences du libraire» qui acquit une librairie afin d’être en tête à tête avec les objets de son désir.

Pour l’une comme pour l’autre, lire est une obsession dont Nathalie Sarraute et le héros se rendent délibérément prisonniers. 

«J'ai commencé à lire si jeune pour m'évader, pour me soustraire à ce qui m'ennuyait ou m'inquiétait. Peu à peu lire est devenu une véritable obsession et l'obsession m'a rendu prisonnier», lit-on dans «Silences du libraire», page 194, de Marie-Pascale Lauret.

 

Par R.K.H

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