► Une exposition qui éclaire l'œuvre intense et audacieuse de Hassan Bourkia
Par R. K. H
Une exposition individuelle de Hassan Bourkia, se diton. Il en a manqué ces derniers temps. Le Comptoir des Mines Galerie semble avoir fait de ce constat son point de départ. Il n’a pas cherché à faire une rétrospective Bourkia, ce qui aurait été d’autant plus difficile.
A un projet de type anthologique, elle en a préféré un type analytique : comprendre et montrer l’univers de Hassan. Ce natif d’El Ksiba a plusieurs cordes à son arc. Or, c'est grâce à une longue quête et à un travail acharné et constant que Bourkia a pu émerger dans le paysage plastique marocain comme l’un des plasticiens les plus créatifs de sa génération.
Il est un intellectuel renommé, à la fois écrivain, traducteur (il a transposé en arabe les œuvres de Nietzsche et de Amran El Maleh) et peintre. Autant son activité de traducteur est exaltée, autant son œuvre picturale demeure paradoxalement - assez - méconnue. Hassan allie dans sa démarche réflexion théorique et création picturale.
L’écriture et la peinture cheminent ensemble, aussi sa peinture est-elle particulièrement exigeante. Elle est, pourtant, profondément enracinée dans notre terroir, à la source duquel elle s’abreuve et dont elle transpose les couleurs (gris, brun rouge, blanc) et matières (sable, terre, smagh, henné, résine…).
Obnubilé par la dimension minérale qui est au cœur de notre existence, Hassan ne cesse d’interroger la matière dans ce qu’elle a de puissant et de résistant. Du grand art sans un brin d’artifice pour célébrer l'indestructibilité de ce qui demeure et résiste.