La 20ème édition du Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM), se tiendra du 6 au 11 mai 2022. Périple à travers un pays imaginaire, exploration intime… du cantique apocalyptique au pamphlet vidéoludique. Le cru 2022 invite au voyage au fil de créations fantasques et audacieuses, tantôt somptueuses, tantôt trop sages.
Par R. K. Houdaïfa
Créé en 2004 sous l’impulsion de la Fondation Aïcha, le FICAM en est à sa vingtième édition. Vingt ans donc ! Un âge qui se fête dans les règles de l’art. Une longévité sur laquelle personne n’aurait osé parier un bouton de culotte, tant le démarrage fut laborieux. Mais au fil de ses honorables prestations, le festival a graduellement rallié à sa cause amoureux du cinéma d’animation et pouvoirs publics. Il constitue un rendez-vous incontournable, d’autant plus qu’il est «le premier festival du cinéma d’animation en Afrique et dans le monde arabe».
Se présentant essentiellement comme un espace d’échange entre des professionnels provenant de multiples horizons culturels, le FICAM s’assigne diverses tâches : «familiariser le public marocain au cinéma d’animation et à l’évolution de ses différentes techniques; contribuer et accompagner l’émergence de jeunes talents marocains dans l’industrie du cinéma d’animation; inscrire Meknès et le Maroc en tant que plateforme arabe et africaine du cinéma d’animation».
Le FICAM s’évertue à encourager la création, sensibiliser le public marocain à de multiples techniques du cinéma d’animation qui lui sont inhabituelles et renforcer le positionnement du rendez-vous auprès de la profession internationale par le lancement de plusieurs prix. Lesquels consistent à faire concourir de jeunes étudiants ou professionnels, marocains et étrangers. Les travaux présélectionnés sont montrés au public et soumis à l’appréciation d’un jury. A la clé, trois prix : «Grand Prix Aïcha de l’animation (récompense du meilleur projet de court-métrage d’animation marocain –ndlr)», «Compétition internationale du long-métrage d’animation» et la «Compétition internationale du court-métrage d’animation».
Acte XX
C’est «Le Poème de Lamya» qui ouvrira cette édition anniversaire en présence du réalisateur Alex Kronemer et du producteur Sam Kadi. Présenté en avant-première au Maroc, ledit long-métrage est l’histoire d’une jeune refugiée syrienne qui rencontre la poésie soufie de Jallal Eddine Rumi.
Comme à l’accoutumée, plusieurs personnalités du film d’animation international vont y prendre part : Michel Ocelot qui présentera, en exclusivité à Meknès, les premières images du Pharaon, le sauvage et la princesse, son prochain long-métrage, Véronique Augereau et Philippe Peythieu, les voix françaises de Marge et Homer Simpson, Zeina Abirached, autrice libanaise de bandes dessinées qui présidera le jury de la Compétition internationale du court-métrage d’animation «Courts Compet’», Ayumu Watanabe dont le dernier film, «La chance sourit à Mme Nikuko», est en compétition du long-métrage d’animation. Rien que du haut vol.
Cette année, le festival se distingue aussi par une originalité : le 1er Forum du film d’animation marocain qui offrira à plus de 150 étudiants, représentant des écoles d’art et d’audiovisuel au Maroc, les professionnels du secteur dont trois studios d’animation marocains en quête de jeunes talents.
Aller voir le monde. Voilà ce que nous auront permis les écrans, pendant tout le temps où nous étions enfermés, assignés à résidence puis à nos quartiers, pendant de longs mois d’un étrange statu quo qu’on est nombreux à avoir comparé à de l’asphyxie. Il aura suffi d’une pandémie pour qu’une bonne partie de l’humanité réalise à quel point le monde qui l’entoure lui est éloigné. Et c’est un monde de synthèse, recréé sur papier ou à l’ordinateur, qui nous servira, le temps d’un festival, de fenêtre pour le vérifier.