◆ Mahi le peintre. Mahi le poète et écrivain. Ses tableaux racontent des histoires, ses histoires peignent des tableaux. Faut-il autant le rappeler ?!
Par R. K. Houdaïfa
Chez Mahi, un tas de choses se diluent dans l’espace coloré qui laisse flotter des formes ambiguës assimilables à des silhouettes anonymes, mutilées, soumises et déformées; à des visages mutiques, dépourvus d’yeux et de bouche. Des visages dont toute figure humaine est ôtée, dont toute marque identitaire est effacée.
Dans certaines œuvres sont mis en relief des masques ricanant, pourvus de barreaux en guise de dents... C'est dire qu'à travers son œuvre, Mahi Binebine s'évertue indubitablement à “redonner du sens à une humanité blessée de naissance par sa condition mortelle, et atteinte dans sa croissance, cassée dans son élan par le pouvoir destructeur des hommes eux-mêmes (...) C’est la vision d’une tragédie inépuisable” (Rosa Martinez).
Techniquement, Mahi utilise des matériaux qu’il repère et combine à sa guise et en fonction de ses intentions. Il aime manier divers pigments naturels, récipients d’huile de lin, pains de cire d’abeille qu’il fait fondre avant d’en étaler de fines couches sur le support, planches ou toiles qu’il s’apprête à peindre.
Une technique que cet infatigable chercheur en arts plastiques a repris des artistes de la Renaissance italienne. Ainsi, il n’a jamais tourné le dos à cette «cuisine» pour gravir les hautes cimes.
*A partir du 26 décembre, au Comptoir des Mines Galerie, Marrakech.