Un pied dans la politique, l’autre dans l’art. Comment retracer la trajectoire d’Aherdane, décédé dans son Oulmès natal le 15 novembre 2020 à 99 ans ?
Il a tant stressé que pour se rassurer il s’est mis à éclater une véritable ivresse de la couleur pure. Nombreux écrits avaient montré, par ailleurs, le besoin permanant de l’artiste – car un enchanteur poète également – de peindre.
Mahjoubi Aherdane naît en 1921. Tout à la fois militaire, personnalité politique, il œuvre à l’électrification de la cause amazighe, fondant – avec Abdelkrim Al Khatib – le Mouvement Populaire en 1957, formé principalement d'anciens militants de l'Armée de libération marocaine (ALN). Multidimensionnel, puisque sa notoriété ne se limitait pas qu’à la politique, au-delà de toutes ces préoccupations, il est l’un des artistes peintres dont les toiles sont d’une obsédante complexité.
C’est le hasard d’une rencontre qui, en 1947 à Nice, vint infléchir le cours de sa destinée : celle d’un ami dont le frère était peintre. Ici, il eut, à vrai-dire, son premier contact avec la peinture. Et voilà la groupie prodige lancée sur des chemins insoupçonnés, avec un onirisme se rapprochant d’un surréalisme flamboyant.
S’y évertuer avec une foi rageuse. Ce que fait Mahjoubi Aherdane – et avec brio-, ainsi que le confortent l’admiration suscitée par ses expositions à Versailles et à Londres. «Je peins, pour me libérer, l’exercice de la peinture est pour moi la recherche de l’équilibre», disait-il.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’essentiel : ses références iconographiques intrinsèques; ces formes ambiguës assimilables à des chevaux, à des yeux, à des feuilles et fleurs majestueuses s’embrassant dans un chromatisme aux tonalités de rouge, de vert, de jaune… Sujets étranges, ombres désincarnées, lumières soumises.
Le travail de Mahjoubi Aherdane a été mis aux enchères à plusieurs reprises, avec des prix allant de 288 $ à 5.834 $, selon la taille et le support de l'œuvre.
Son prix record aux enchères est de 5.834 $ pour Untitled, vendu à Aguttes, Neuilly en 2020.
Tous ceux qui ont eu la chance de le croiser n’oublieront jamais la malice et la générosité qui étaient siennes, jusque dans son grand âge. Une véritable rétrospective ne serait pas de trop pour rappeler son œuvre et son importance !