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L’or bleu en Afrique du Nord : Le grand système aquifère en danger

L’or bleu en Afrique du Nord : Le grand système aquifère en danger

Le grand système aquifère du Maghreb, aujourd’hui menacé, assure la vie et les moyens de subsistance de 4,8 millions d’habitants.

Le prélèvement d’eau au niveau mondial est actuellement trois fois supérieur au taux de recharge naturel qui est d’1 milliard de m3 par an.

 

Par M. Diao

 

La surconsommation, les effets inhérents au changement climatique ainsi que l’accroissement démographique concourent à l’augmentation de la pression exercée sur les ressources hydriques en Afrique du Nord. La Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEEONU) a fait savoir récemment dans un rapport l’urgence de prendre des mesures transfrontalières et sectorielles pour faire face aux menaces à l’origine de la dégradation du grand système aquifère du Maghreb.

Pour rappel, le système aquifère de l’Afrique du Nord est partagé par l’Algérie, la Libye et la Tunisie. Le site naturel, qui est la plus grande réserve d’eau souterraine d’Afrique du Nord, s’étend sur plus d’un million de kilomètres carrés dans un environnement très aride. L’étendue du site hydrique représente l’équivalent d’une surface égale à près de deux fois la superficie de l’Hexagone, avec plusieurs milliers de mètres de profondeur.

D’après la CEE-ONU, le réservoir d’eau souterraine, qui fait partie des plus grands du monde, assure la vie et les moyens de subsistance de 4,8 millions d’habitants. Une meilleure coopération de la part des trois pays précités est d’autant plus nécessaire que le système aquifère est très vulnérable à cause de la faible recharge naturelle dont il dispose. Afin de préserver l’or bleu, la CEE-ONU suggère aux Etats l’utilisation des ressources en eau non-conventionnelles en recourant au dessalement, traitement des eaux usées et la réutilisation des eaux de drainage par le biais du traitement.

L’utilisation des énergies renouvelables, notamment le solaire pour la production d’eau, est particulièrement adaptée dans cette région fortement ensoleillée tout au long de l’année. Il convient de rappeler qu’une station de dessalement de l’eau de mer fonctionnant aux énergies renouvelables est en cours de construction dans la région d’Agadir, confrontée au stress hydrique.

L’infrastructure, dont la réalisation nécessitera un effort d’investissement de plus de 4,4 Mds de DH, devrait être opérationnelle en 2021. La station aura à terme une capacité de production de 400.000 m3 d’eau par jour, destinés aux ménages et à l’agriculture.

Dégradation de la qualité de l’eau et des sols

La CEE-ONU renseigne qu’à l’échelle mondiale, les ressources en eaux souterraines transfrontalières ne sont généralement pas régies par des accords de coopération officiels. Sachant que celles-ci constituent d’importantes sources d’eau pour la consommation humaine. Toujours selon l’agence onusienne, le prélèvement d’eau au niveau mondial est actuellement trois fois supérieur au taux de recharge naturel, estimé à 1 milliard de m3 par an.

Cette situation pour le moins préjudiciable aurait pour conséquence l’augmentation des pressions sur la qualité de l’eau et du sol. Ce qui déboucherait sur un cercle vicieux de réduction de la productivité agricole et d’augmentation de la demande en énergie pour le pompage de puits profonds. Les zones humides qui font partie des écosystèmes fragiles sont de plus en plus menacées et les populations locales exposées à une vulnérabilité accrue.

 

Une convention protectrice
La Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux est entrée en vigueur en 1996. La convention dont le secrétariat est assuré par la CEE-ONU, est devenue un cadre majeur pour l’amélioration de la gestion des ressources en eaux de surface et souterraines transfrontières en Europe. En mars 2016, s’est opérée une mue de taille puisque la Convention sur l’eau a donné naissance à un cadre juridique multilatéral et intergouvernemental mondial pour la coopération sur les eaux transfrontalières. L’instrument juridique international est ouvert à l’adhésion de tous les États membres de l’ONU.

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