Khamsa (1/5), Roubou’â (1/4) et Talta (1/3) sont des modes de répartition agricole qui ont existé au Maroc depuis la nuit des temps, à l’époque où l’essentiel de la production était vivrier et non marchand. Ils sont basés sur un régime participatif. Le propriétaire terrien s’associe à un autre exploitant non propriétaire selon des règles bien définies prenant en considération les charges engagées et la nature de l’activité investie.
Khamsa était fortement répandu à une époque où le travail était rémunéré en nature. En échange de l’exploitation d’une parcelle de terre et de tous les moyens de production notamment les intrants, l’Khamas fournit son travail aussi bien lors de la saison du travail du sol qu’au cours des moissons. A la fin de la saison, il a droit à 20% de la récolte. Ce mode a tendance à disparaître, bien qu’il persiste encore dans les régions montagneuses ou reculées.
En revanche, le mode d’exploitation dit Talta est toujours pratiqué. Le propriétaire terrien concède son terrain à un autre fellah qui, lui, assure toutes les dépenses de la saison ainsi que la main-d’œuvre en échange du 1/3 de la récolte. Les deux autres tiers reviennent à l’exploitant agricole.
Ce mode rencontre toujours un succès notoire notamment dans les régions à vocation céréalière ou légumineuse. Il permet aux propriétaires qui n’ont pas le temps du fait de l’éloignement de leur résidence principale ou de leur incapacité à exercer eux-mêmes l’agriculture (vieillesse, invalidité, manque de ressources) de maintenir leur exploitation en activité. Pour les non propriétaires, c’est une opportunité d’investissement.
«C’est un mode d’exploitation très avantageux, mais il est limité par le fait que les personnes concernées ne peuvent bénéficier des actions de soutien ou de financement adéquates proposées par le département de tutelle ou le Crédit Agricole. Il s’agit le plus souvent d’un contrat verbal de type coutumier à durée saisonnière. C’est une option qui ne permet pas d’investir à long terme, car elle ne procure pas assez de visibilité au fellah», précise Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome.
Plus développé que Talta, Roubou’a est un mode d’exploitation pratiqué dans l’élevage, les arbres fruitiers ou les cultures irriguées à vocation marchande. L’exploitant dispose de 25% de la récolte après déduction des charges afférentes à des avances en nature ou en numéraire payées lors de chaque souk hebdomadaire, des frais de l’alimentation de bétail, ceux du traitement sanitaire et autres charges diverses.
Charaf Jaidani
Le travail rémunéré privilégié
Sous l’effet de la mécanisation et de l’exode rural, certains métiers ont quasiment disparu des activités agricoles, comme Khabbaza ou Terrassa basés sur les rémunérations en nature. Cette catégorie de travailleurs n’est pas rémunérée mais l’exploitant leur assure l’hébergement et la restauration pour subsister. Lors d’une bonne récolte, ils peuvent prétendre à des dons en espèces ou à une partie infime des moissons.
De nos jours, les travailleurs agricoles privilégient le statut d’employés, qui leur permet d’être protégés par le Code du travail en leur assurant une rémunération journalière minimale de 60 DH.