Deepfake: cette composante perverse et méconnue des fake news

Deepfake: cette composante perverse et méconnue des fake news

Confiné autrefois au fin fond de l'Internet, le deepfake se propage aujourd’hui à grande vitesse sur les réseaux.

 

Par K. A

 

Depuis son apparition en 2017 sur le forum Reddit, cette technologique a très largement évolué. En 2019, la firme d'IA Deeptrace a trouvé plus de 15.000 vidéos deepfake mises en ligne. Mais qu’est-ce qu’un deepfake ? Le terme est une contraction des expressions «Deep Learning» (système d’apprentissage qui utilise l’intelligence artificielle) et «Fake». Comme son nom l’indique, il s’agit de la création de faux contenus (image ou audio) rendus authentiques grâce à l’intelligence artificielle. Les exemples sont parlants: Mark Zuckerberg s'exprimant sur la façon dont Facebook «contrôle l'avenir» par le biais de données utilisateur volées; Tom Cruise faisant un tour de magie avec une pièce de monnaie ou encore Barack Obama utilisant un langage grossier visant Trump. Bref, la liste est très longue, mais cette «prouesse» n’est pas à la portée de tout le monde.

«Il est difficile de faire un bon deepfake sur un ordinateur standard. La plupart sont créés sur des ordinateurs de bureau haut de gamme dotés de cartes graphiques puissantes ou, mieux encore, d'une puissance de calcul dans le cloud. Cela réduit le temps de traitement de quelques jours et semaines à quelques heures. Mais il faut aussi de l'expertise, notamment pour retoucher des vidéos terminées pour réduire le scintillement et d'autres défauts visuels. Cela dit, de nombreux outils sont désormais disponibles pour aider les gens à créer des deepfakes», affirme un professionnel de la technologie souhaitant garder l'anonymat, vu la sensibilité du sujet.

La capacité de créer des vidéos truquées n’avait jusqu’ici jamais été aussi facile. Sur-le-champ, vous devenez celui qui pourrait bien être la victime de votre vraie-fausse vidéo. Désormais, plusieurs applications mobiles, comme Doublicat ou Zao, mettent cette technologie à la portée de tous. Il suffit d’une petite vidéo de son visage pour remplacer celui de la cible en quelques secondes. Et d’un clic pour partager le résultat sur les réseaux sociaux.

Jusqu’à 500.000 DH d’amende

Au fur et à mesure que la technologie devient facile d’accès, les deepfakes pourraient entraîner une désinformation dans le paysage médiatique. Sur ce point, la législation au Maroc commence déjà à contrer les menaces posées par les fakes news, notamment en cette période de crise sanitaire où le flux des fausses nouvelles a explosé. D’ailleurs, le ministère public avait transmis des directives dans ce sens en mars dernier.

«Est puni d’une amende de 20.000 à 200.000 dirhams quiconque a publié, diffusé ou transmis de mauvaise foi, une nouvelle fausse, des allégations, des faits inexacts, des pièces fabriquées ou falsifiées attribuées à des tiers, lorsque ses actes auront troublé l’ordre public ou suscité la frayeur parmi la population et ce, quel que soit le moyen utilisé, notamment par discours, cris ou menaces proférées dans les lieux ou réunions publics, par des écrits, des imprimés vendus, distribués, mis en vente ou exposés dans les lieux ou réunions publics, par des placards ou affiches exposés aux regards du public, ou par les différents moyens d’information audiovisuelle ou électronique et tout autre moyen utilisant à cet effet un support électronique. Ces mêmes actes sont punis d’une amende de 100.000 à 500.000 dirhams si cette publication, diffusion ou reproduction a un quelconque impact sur la discipline ou le moral des armées», prévoit l’article 72 du code de la presse marocaine.

 

 

 

 

 

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