- Plusieurs facteurs à l’origine de la hausse de la sinistralité automobile.
- Les compagnies d’assurances disposent de leviers pour juguler ce problème qui inquiète de plus en plus.
S’il y a bien une problématique qui donne le tournis et du fil à retordre aux compagnies d’assurances, c’est la hausse de la sinistralité automobile au cours des dernières années, notamment entre 2015 et 2016. La charge globale des prestations relatives à l’assurance responsabilité civile (RC) automobile et les autres garanties annexes ont augmenté de 14%, avec une hausse de 25% concernant la charge des prestations afférentes aux garanties annexes.
D’ailleurs, les acteurs du secteur (autorité de régulation, FMSAR, compagnies) ont décidé de mener l’offensive, en lançant une étude afin de déterminer les causes de cette importante progression qui pénalise tout le secteur.
En effet, l’ampleur en 2017 est telle que Wafa Assurance a enregistré un résultat net en repli de 2,6% à 819 MDH, dû à la hausse de la sinistralité automobile. Un faisceau de facteurs explicatifs semble être à l’origine de l’augmentation précitée.
La diversité des causes
Interrogé sur l’origine de la hausse de la sinistralité automobile constatée ces dernières années, Younes Sayeh, expert en assurance automobile, alerte sur l’impératif d’avoir une vision globale permettant de mieux déterminer les causes. «La densité du parc automobile et sa concentration dans certains axes (Casablanca), la facilité accrue des déclarations de sinistre, le remboursement rapide, ainsi que la multiplication des offres sont autant d’éléments explicatifs», confie-t-il.
Au sujet de l’adaptation de la tarification de l’assurance automobile en fonction du profil du conducteur (bon ou mauvais), notre interlocuteur fait montre d’une attitude pondérée, même si certains professionnels estiment que les bons conducteurs ne doivent plus continuer à payer pour les mauvais. Cela peut paraître logique, sauf qu’il existe d’ores et déjà au Maroc, depuis 2006, un coefficient de réduction ou majoration (CRM) mis en place par la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR).
Une sorte de bonus malus
Le CRM s’apparente à un système de bonus malus. En effet, ce système est une base de données consultable par l’ensemble du réseau permettant la visualisation de l’historique des assurés et l’enregistrement du sinistre.
Un bonus de 10% s’active durant les 24 mois et sans rupture de 48 heures du contrat d’assurance.
Si la réduction est invariable, en revanche, en cas de sinistre engageant totalement ou partiellement la responsabilité du conducteur enregistré durant les douze derniers mois de la souscription, le renouvellement de l’assurance est majoré de 20% pour chaque accident matériel et 30% pour un sinistre corporel. Au regard de ce qui précède, force est d’admettre que les bons conducteurs sont pénalisés au Maroc. Ceci dit, tout l’enjeu est de savoir quelles sont les mesures à prendre par les compagnies d’assurances afin de contenir la sinistralité.
La technologie, la régionalisation des tarifs, prévention, etc. : des leviers à activer
En matière de récompense pour bonne conduite, Younes Sayeh ne manque pas de saluer les efforts déployés par certaines compagnies via la technologie (installation de boitiers connectés, application mobile de tracking, etc.).
Dans le même temps, notons que l’adaptation de la grille tarifaire de l’assurance automobile, libéralisée depuis 2006, pourrait se faire en fonction des régions, au regard des axes de concentration du parc automobile et de l’usage du véhicule. A en croire notre interlocuteur, les compagnies d’assurances ne sont qu’un maillon parmi d’autres dans le combat contre la hausse de la sinistralité automobile.
«Il faut miser sur la prévention par l’éducation, l’accompagnement, la formation et la sensibilisation», suggère-t-il.
Dans le même ordre d’idées, les autres éléments non moins importants ont trait aux volets technique, humain et organisationnel. En effet, il ne serait pas dénué de sens que les sociétés d’assurances s’investissent davantage dans l’amélioration des infrastructures (signalétique), tout en promouvant les mécanismes de gains pour les professionnels impliqués, avec à la clef la réduction de leurs primes. Notons enfin qu’elles doivent aussi épauler leurs clients disposant d’un parc automobile important pour la mise en place d’un système de management du risque routier. ■
M. Diao