La diplomatie parallèle n’est pas un concept abstrait, mais une réalité vivante, incarnée par chaque membre de la diaspora marocaine. Ce sont eux qui, à travers leurs réussites individuelles, leurs projets collectifs et leurs engagements personnels, élèvent le nom du Maroc bien au-delà de ses frontières. Ils sont ces ambassadeurs discrets mais puissants, dont l’influence s’étend bien au-delà des salons diplomatiques ou des ministères officiels. Ce qui frappe dans cette diplomatie parallèle, c’est sa capacité à fédérer des énergies, des talents, des idées qui s’unissent pour un seul et même but : faire rayonner le Maroc dans le monde entier.
Chaque geste, chaque initiative portée par un membre de cette diaspora marque un changement subtil mais profond. Par leur action, ces Marocains installés à l’étranger écrivent une nouvelle page de l’histoire du Royaume. Ce n’est pas seulement à travers les échanges commerciaux ou les projets d’investissement que cette diplomatie se manifeste, mais également dans les domaines où la culture, l’innovation et l’humanisme se croisent. Loin des sentiers battus de la diplomatie traditionnelle, c’est dans les gestes du quotidien que la diaspora marocaine redéfinit les contours de l’influence mondiale de son pays.
Un exemple récent a illustré à la perfection cette dynamique, donnant une dimension nouvelle et collective à cette diplomatie parallèle : l’extraordinaire parcours des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Ce n’était pas seulement une équipe de football qui s’élançait sur le terrain, mais un groupe d’hommes unis par une même culture, une même passion et, surtout, une même volonté de montrer au monde entier ce que le Maroc, sa diaspora, et son peuple sont capables d’accomplir ensemble. Derrière chaque joueur, il y avait une histoire de parcours, de rêves, de luttes et de victoires. Achraf Hakimi, Hakim Ziyech, Yassine Bounou… ces noms, bien plus que des athlètes, sont devenus des symboles de la réussite d’une diaspora qui, par sa présence et son talent, incarne la force d’une nation entière.
C’est dans cette union que réside toute la beauté de la diplomatie parallèle. Elle ne se définit pas uniquement par l’absence de frontières géographiques, mais par la capacité à transcender ces frontières pour réaliser l’impensable. Ce n’est pas un hasard si ces joueurs, issus de divers pays et cultures, ont pu porter haut les couleurs du Maroc et offrir au monde un spectacle de cohésion, de solidarité et de force. À travers eux, c’est toute la diaspora marocaine qui s’est unie et s’est affirmée. Ce n’était pas simplement une victoire sportive, mais une démonstration de l’impact global de cette communauté, un impact qui ne cesse de croître et de se renforcer chaque jour.
Cette capacité de la diaspora marocaine à se réinventer et à transformer les défis en opportunités, à bâtir des ponts entre les nations se manifeste dans tous les aspects de la vie. Loin d’être une simple passerelle entre deux rives, la diaspora est un véritable moteur d’innovation. Dans les secteurs économiques, scientifiques, culturels et sociaux, les Marocains de l’étranger jouent un rôle incontournable. Ils investissent dans des projets ambitieux, créent des entreprises, enrichissent le tissu intellectuel et artistique du pays. Chaque initiative, qu’elle soit portée par un jeune entrepreneur, un chercheur, un artiste ou un humanitaire, est un témoignage vivant de cette diplomatie parallèle, un acte concret au service du développement de la nation.
Mais la diplomatie parallèle ne se limite pas aux stades de football. Elle se manifeste dans tous les domaines où la diaspora excelle : Dans la recherche et l’innovation, où des scientifiques marocains de renom contribuent à des avancées majeures, renforçant la place du Royaume comme pôle d’excellence. Dans l’entrepreneuriat, où des investisseurs et chefs d’entreprise marocains facilitent les échanges, créent des opportunités et développent des passerelles entre le Maroc et le reste du monde.
Dans l’engagement humanitaire et social, où des associations portées par la diaspora œuvrent pour l’éducation, la santé et le développement des régions les plus enclavées du pays.
Ainsi, la diplomatie parallèle, loin d’être une simple notion théorique, est une réalité vivante et tangible. Elle doit être cultivée, nourrie et valorisée pour que le Maroc puisse continuer à grandir, à se moderniser et à rayonner sur la scène internationale. Le pays a tout à gagner à exploiter cette ressource humaine et intellectuelle, qui est plus que jamais prête à faire briller le Maroc dans tous les recoins du monde.
Les Lions de l’Atlas, en brisant les barrières, en effaçant les distances et en unissant des cultures diverses autour d’un seul et même objectif, ont montré la voie. Ils ont démontré que la diaspora marocaine, par sa passion et sa détermination, n’est pas seulement un atout pour le sport, mais une force de transformation pour l’ensemble du pays.
C’est cette même force, cette même énergie collective, qui doit être mise à profit dans tous les domaines, de l’économie à la recherche, de l’éducation à la culture. Mais alors, si la diplomatie parallèle est un levier si puissant, comment le Maroc peut-il mieux structurer et amplifier cette force pour en faire un pilier stratégique de son développement ?
Par Abdelkhalek Hassini
Enseignant-formateur en France, chroniqueur, conférencier, spécialiste en migration et développement, président du collectif «CADOriental Europe».