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Ces petits métiers qui boostent les vacances

Ces petits métiers qui boostent les vacances

Depuis le mois de juin 2022, nous avons mené notre enquête sur les petits métiers qui ont payé un lourd tribut, durant plus de deux ans et demi, à cause, principalement, de la crise  de la Covid-19 et des restrictions sanitaires. Sans surprise, nous avons remarqué en parcourant les quartiers de villes comme Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Meknès ou encore El Jadida, Mohammedia, Settat, Beni Mellal ainsi que d’autres régions du pays, que ce qu’on nomme communément petits boulots sont de retour, au grand bonheur des chalands, et surtout de tous ces commerçants journaliers qui ont perdu leur travail et n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins. 

Dans les quartiers populaires, la situation est encore plus marquée puisque les Souks de proximité ont repris leur activité habituelle dans la durée. Il suffit de sortir faire un tour dans l’ancienne médina de Casablanca ou de Rabat ou encore Salé, pour voir toute cette vie qui a repris, tous ces étals de produits et de marchandises de tous genres qui remplissent les échoppes et les magasins. Sans parler des vendeurs ambulants qui proposent fruits, légumes, fruits secs, ustensiles de cuisines, habits, serviettes, nappes, jouets, produits usagés et autres friperies comme on l’a vu à Derb El Kabir, à la kissariat de Hay Mohammadi, à Médiouna, à Hay Hassani, à Sidi Moumen, à El Oulfa, à Sidi Bernoussi, pour ne prendre que ces exemples qui reflètent exactement ce qui se passe dans d’autres cités du pays, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest.

Il faut ici souligner que l’effet vacances y est aussi pour beaucoup. Un petit tour sur la plage d’Aïn Diab et vous allez remarquer tous ces vendeurs qui sillonnent le sable en proposant des produits aux estivants : pépites, cacahuètes, amandes grillées, pop-corn, glaces, beignets, casse-croûtes, eau fraîche, bonbons, chapeaux, bikinis et caleçons pour les baigneurs... «Depuis le début de l’été, j’ai retrouvé un peu d’espoir. Les plages sont pleines, et je peux me faire jusqu’à 200 voire 300 DH par jour. Mais pendant deux ans, j’ai dû vendre de la menthe près de chez moi, mais ça ne nourrit pas toute une famille. J’ai une femme et trois enfants. La vie est très dure, mais Hamdoullah », confesse, Hassan, un quinquagénaire, qui a passé 15 ans comme ouvrier dans une usine de textile qui a mis les clefs sous le paillasson.

Des personnes, hommes et femmes, qui sont dans la même situation que Hassan sont légion. L’été leur offre une période de trois mois pour se refaire une santé financière surtout pour mettre de côté de quoi payer les frais de l’école des enfants, « parce que je veux que mes enfants fassent des études, parce que moi je n’ai pas eu cette chance », comme nous l’explique Aicha, une vendeuse de «Harcha», «Msemmen», thé et café, aux abords de la forêt de Bouskoura, qui bat son plein tous les week-ends et qui permet à des milliers de vendeurs de se faire un pécule pour la semaine.

C’est la même chose pour les vendeurs de «Harira» et d’œufs durs, du côté de Derb Ghallef ou de Bab Marrakech à Casablanca. Les activités reprennent et «on n’a pas à se plaindre. On respire enfin. Regardez tout ce monde qui se balade. Grâce à Dieu, on s’en sort beaucoup mieux aujourd’hui», précise Brahim, un visage connu à côté de L’Bhira dans l’ancienne Médina de Casablanca. 

Côté Tanger, Omar nous explique que les amateurs de Bessara (petits poids séchés et moulés) sont de retour. Il rajoute que les Marocains résidants à l’étranger sont un bonheur pour la ville de Tanger qui revit grâce à leur consommation diversifiée. 

D’autres petits boulots retrouvent aussi des couleurs, c’est le cas des porteurs dans les Souks et les marchés, qui offrent leurs services pour un petit bakchich allant de 3 à 20 DH selon la générosité du client. C’est le cas des Kessalas, qui ont retrouvé plus de travail, parce que la réouverture des hammams les a soulagées. C’est aussi le cas des vendeurs de pains qui sillonnent les rues dans les quartiers populaires. C’est le cas des femmes qui font du henné ou des coiffeuses et des esthéticiennes ambulantes. 

Les affaires tournent et les visages sont moins tendus. On sent que la lourdeur de ces deux dernières années est en passe de partir définitivement, malgré certaines appréhensions qui disent qu’on ne sait pas comment seront les choses en septembre ou en octobre. Certains débrouillards de l’été seront obligés de se recycler dans d’autres boulots comme la vente des fruits, des légumes, des herbes, de la menthe, des fournitures scolaires et des gadgets électroniques ou alors une petite carrosse d’escargots pour l’hiver en attendant les beaux jours.

Concernant cette reprise, les villes de Marrakech, Fès, Tétouan sont les meilleurs exemples de la relance des petites métiers de l’artisanat puisque des milliers de touristes s’approvisionnent chez des vendeurs ambulants qui proposent des objets d’artisanat : des tapis, des habits, de la broderie et d’autres articles à petit prix. Les snacks ambulants que l’on retrouve dans plusieurs quartiers font également le plein de clients, tout comme les vendeurs de jus et autres rafraîchissements.

Chacun essaie de trouver un moyen pour s’en sortir et arrondir les fins de mois, malgré la cherté de la vie et cette époque difficile que nous traversons. Mais force est de constater que le sens de la résilience des Marocains est toujours plus fort, et ils arrivent toujours à se débrouiller et à bricoler, souvent avec le sourire.

 

 

Par Abdelhak Najib

 

 

 

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