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Antisémitisme: le Pen gagnante, Macron perdant après la marche

Antisémitisme: le Pen gagnante, Macron perdant après la marche

De cette marche pour la République et contre l’antisémitisme organisée en France, un double constat politique. Marine Le Pen, leader de l’extrême droite, a marqué des points, tandis que par son absence, Emmanuel Macron semble y laisser des plumes. La première termine son cycle de respectabilité. Le second suscite par son attitude des interrogations et des curiosités. En effet, s’il y a quelqu’un qui doit se frotter les mains au lendemain de la marche pour la République et contre l’antisémitisme organisée à Paris, c’est bien Marine Le Pen, icône de l’extrême droite.

S’il est vrai qu’elle ne figurait pas sur la photo officielle de la délégation d’anciens présidents, de Premiers ministres ou de personnalités officielles, il n’en demeure pas moins qu’elle fut la grande gagnante de cette séquence d’angoisses et de convulsions antisémites que les tensions au ProcheOrient ont révélées. Bien avant l’organisation de cette marche, la participation de Marine Le Pen et de l’extrême droite était au cœur du débat politique en France. Ceux qui avaient refusé de se joindre à cette marche, justifiaient leurs postures par leur refus de marcher aux côtés de personnalités de l’extrême droite notoirement connues pour leur penchant et convictions antisémites.

D’autres personnalités, notamment issues du monde religieux, ont argumenté leurs absences par une islamophobie assumée de cette extrême droite qui utilise la haine du musulman au service de la lutte contre l’antisémitisme. Le grand bénéfice de Marine Le Pen est que ce houleux et passionnant débat sur l’organisation de cette marche a été l’occasion pour de nombreuses personnalités juives, considérées comme une référence dans leur communauté, de dédouaner Marine Le Pen, de blanchir le passé de son parti de tout héritage antisémite. Marine le Pen devait boire du petit lait en entendant certaines personnalités lui octroyer un brevet de non anti- sémitisme. Ces déclarations servaient la stratégie de dédiabolisation entamée avec un certain succès par Marine Le Pen.

Cette dynamique huilée a été quelque peu polluée par la petite phrase lancée en plein débat par le jeune président du Rassemblement National, Jordan Bardella, affirmant que selon sa conviction, le père fondateur du Front National, Jean-Marie Le Pen, n’était pas antisémite. Or, la mémoire médiatique et judiciaire française indiquait tout le contraire. Si Jean-Marie Le Pen n’était pas antisémite, qui l’était alors ?, se demandent les détracteurs de l’extrême droite. Ils voient dans la réplique de Jordan Bardella un révisionnisme assumé de leur propre histoire, une négation de leur propre héritage. Cette sortie de Bardella a jeté une grande suspicion, pour ceux qui doutaient encore, sur la réalité des ruptures politiques entreprises entre le Front National de Jean-Marie Le Pen et le Rassemblement National de Marine Le Pen.

Le grand absent de cette marche était donc le Président Emmanuel Macron. Ses prédécesseurs François Mitterrand et François Hollande ont eu l’occasion de participer à des marches similaires. Lui a pris la décision de ne pas y aller. Ce qui lui a été reproché par les faiseurs d’opinions. Cette absence intervient alors qu’Emmanuel Macron est au cœur d’une polémique avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou.

Dans une interview remarquée à la BBC, Emmanuel Macron avait demandé un cessez-le-feu, dénoncé cet usage irraisonné de la force qui viole le droit humanitaire international et exigé la protection des civils. Un positionnement mal perçu en Israël, qui le considère comme une pression internationale pour arrêter la guerre avant d’avoir atteint ses objectifs assumés, à savoir le démantèlement et l’éradication du Hamas. L’amertume des Israéliens à l’encontre d’Emmanuel Macron a été telle qu’un des commentateurs de la chaîne privée israélienne, I24, a lancé une violente charge contre Emmanuel Macron, estimant que son comportement frise l’antisémitisme.

Cette marche pour la République et contre l’antisémitisme ne sera pas un événement anodin. La gauche radicale, menée par Jean-Luc Mélenchon, avait décidé de ne pas y participer. La raison invoquée est qu’elle était organisée par des va-t-en guerre en soutien incontestable à la politique guerrière de Benyamin Netanyahou. Elisabeth Borne, la Première ministre, avait tenté d’en limiter les contours en affirmant dans une double punchline : «l’absence de la France insoumise parle d’elle-même. La présence du Rassemblement National ne trompe personne». 

 

Par Mustapha Tossa, journaliste et politologue

 

 

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