Un bon chef de gouvernement ?

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Saad Eddine El Othmani est-il un bon chef de gouvernement ? Incarne-t-il parfaitement la fonction ? Ces interrogations peuvent certes paraître provocantes, mais elles sont tout autant légitimes. Et convoquent plusieurs observations. D’abord, au sein de la majorité gouvernementale, il détonne par son ambiguïté, pour ne pas dire qu’il souffle le chaud et le froid. Car, à travers les différents actes qu’il a posés ces derniers mois, dont notamment l’éviction surprise du gouvernement, en août dernier, de la secrétaire d’Etat chargée de l’Eau, Charafat Afilal (membre du bureau du PPS), et son incapacité à tenir dans les rangs ses ministres, il a rendu très fragile une coalition qu’il dit être unie et solidaire. D’où les bisbilles entre le parti qu’il dirige, le Parti de la justice et développement (PJD), et ses deux principaux alliés, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) et le Rassemblement national des indépendants (RNI).

Les analystes politiques ne sont pas dupes : le Maroc est actuellement dirigé par une majorité qui affiche une unité très cosmétique, avec en toile de fond un profond désamour et des idéologies et intérêts politiques divergents. C’est ce qu’on appelle un mariage forcé.

Ensuite, au sein même de sa famille politique, El Othmani est un mal-aimé très contesté. Sa nomination en tant que chef de gouvernement, en lieu et place de Abdelilah Benkirane, a créé un énorme clivage au PJD, certains même n’hésitant pas à pousser assez loin le bouchon pour le qualifier «d’usurpateur de fonction». Ce qui faisait la force du PJD et qui l’a emmené au sommet des affaires, c’était l’unité et la discipline de ses membres, lesquels accordaient confiance et soutien indéfectible à leur leader. El Othmani n’en bénéficie guère. Actuellement, tant dans les hautes instances du parti que dans ce qui forme sa base, la fracture est béante.

Enfin, au sein de l’opinion publique, El Othmani est loin de faire l’unanimité. Et sur les réseaux sociaux, chacune de ses sorties est assortie de critiques, voire d’insultes (choses auxquelles on ne souscrit pas). Bref, sa stature et son manque de caractère sont fortement remis en question.

Mais tout cela préjuge-t-il pour autant de son incapacité à gouverner le Maroc ?

En tout cas, la meilleure réponse qu’il a à donner à ses détracteurs est de regagner la confiance des citoyens et des opérateurs, mais aussi de mener valablement les réformes structurelles engagées par le Maroc.

 Il s’agira également pour lui d’être au rendez-vous des prochaines législatives. Si le PJD gagne, sa légitimité ne fera plus l’objet de débat. Mais si le parti de la lampe perd, il signera la fin de sa vie politique, mais fermera surtout la parenthèse PJD. ■

 

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