Souffre-douleur

La violence envers les femmes au Maroc : Un phénomène bien ancré

Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication


 

La violence à l’égard des femmes est un phénomène bien ancré dans la société marocaine. Qu’il s’agisse de violences physiques ou morales, elle est une atteinte grave aux droits fondamentaux. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qualifie la violence à l’égard des femmes de «pandémie mondiale», un «affront moral fait à toutes les femmes et les filles, une marque d’infamie pour nos sociétés et un obstacle majeur à un développement inclusif, équitable et durable».

Au Maroc, l’on se rend mieux compte de l’ampleur de ce fléau avec notamment l’enquête nationale sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes. Les résultats préliminaires de la seconde enquête ont justement été dévoilés mardi par la ministre de la Famille, de la Solidarité, de l'Égalité et du Développement social, Bassima Hakkaoui. Et les chiffres rendus sont éloquents. Pour ne pas dire effrayants.

Ainsi, le taux de prévalence de la violence à l’égard des femmes est de 54,4% au niveau national, avec 55,8% en milieu urbain et 51,6% en milieu rural. L’enquête, réalisée au niveau des 12 régions du Royaume entre le 2 janvier et le 10 mars 2019, relève que les groupes d’âge les plus vulnérables sont les femmes âgées de 25 à 29 ans (59,8%).

Fait marquant : les taux de prévalence de la violence les plus élevés sont notés dans le contexte conjugal : 54,4% des fiancées et 52,5% des femmes mariées ont été victimes de violence au niveau national.

En parallèle, 12,4% des Marocaines âgées de 18 à 64 ans ont subi une violence dans les lieux publics.

De même, note l’enquête, le pourcentage de femmes victimes varie entre le milieu urbain et le milieu rural. Ainsi, les femmes du monde rural, particulièrement au sein de la vie conjugale, sont plus exposées à la violence, avec 19,6%, contre 16,9% pour les femmes en milieu urbain. Cette population est plus exposée à la violence dans le milieu de l’éducation, avec 25,5%, contre 21,6% des étudiantes en milieu urbain.

Par ailleurs, 13,4% déclarent avoir été victimes de violence électronique, tandis que le harcèlement représente 71,2% des actes de cyber violence.  Malgré les violences dont elles sont victimes, peu de femmes brisent le silence : seuls 6,6% ont porté plainte pour dénoncer leur agresseur. Et malheureusement, tant que la parole ne sera pas libérée, elles continueront à être les souffre-douleur de ces agresseurs sans scrupule.

 

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