Pouvoir d'achat : Fouzi Lekjaa, acte II

Pouvoir d'achat : Fouzi Lekjaa, acte II

Le ministre du Budget est intraitable. Entre les maths et Fouzi Lekjaa, c’est visiblement une très longue histoire d’amour. Après sa brillante démonstration mi-février, à l’issue du Conseil de gouvernement, pour nous expliquer pourquoi les prix flambent et les différentes réponses apportées par l’Etat, il est revenu à la charge dimanche dernier. Invité de l’émission «Décryptage» diffusée sur la radio MFM, Lekjaa nous a de nouveau démontré son amour pour les chiffres en faisant une révélation de taille.

Non, il a plutôt lâché un grand scoop : «le gouvernement va mobiliser 15 Mds de DH» supplémentaires afin de limiter l’impact de la crise actuelle sur les citoyens. Plus concrètement, l’Exécutif compte rester fidèle à «l’esprit» de la Loi de Finances 2022, à savoir préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains, comme il l’a promis. Alors, où iront ces 15 Mds de dirhams ? Pas besoin d’une calculette. Le dispatching a été vite fait par le ministre du Budget : 10 Mds de DH pour la subvention du gaz butane, 3 Mds de DH pour compenser le prix de la farine, en plus des 2 Mds de DH dédiés au soutien du secteur du tourisme.

Cette sortie médiatique de Lekjaa appelle deux remarques principales : Primo : Ces 15 Mds de DH seront-ils suffisants pour restituer du pouvoir d’achat aux citoyens ? Visiblement non. Les mots ont leur sens. Nous parlons bien de restitution, car le pouvoir d’achat des ménages marocains s’est déjà fortement dégradé à cause de la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Certes, on ne peut passer sous silence l’effort budgétaire fait par le gouvernement pour subventionner le gaz butane et la farine, mais le panier de la ménagère est bien plus large que ces deux produits.

«Le plus élémentaire compte au moins une quarantaine de produits de large consommation», rappelle Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits des consommateurs. Dans ce contexte de sécheresse et de guerre russo-ukrainienne, les tensions sont ainsi ressenties non seulement sur les prix des produits alimentaires, mais également sur les prix à la pompe. Et, sur l’essence et le gasoil, rien de concret n’est proposé pour l’instant. L’Exécutif ayant juste promis un soutien aux transporteurs routiers, dont les modalités restent à définir. Secundo : Au lieu de se réjouir de cet «effort financier», les observateurs de la scène économique ont plutôt soulevé une interrogation : Comment l’Etat va-t-il financer cette rallonge budgétaire ? Mystère et boule de gomme.

Une réduction de 14% des dépenses d’investissement comme le permet la loi ? Une Loi de Finances rectificative, comme préconisé par de nombreux observateurs ? Ni l’une ni l’autre, assure Lekjaa. Aucune de ces deux options n’est retenue, au nom du sacrosaint principe toujours défendu par les différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc : la préservation des équilibres macroéconomiques. Sur le comment mobiliser ces 15 Mds de DH, le ministre du Budget est donc resté muet. Lekjaa a posé une équation…, sans nous donner la solution. Il la divulguera certainement dans ce qui sera l’acte III. En attendant, les Marocains prennent en pleine figure cette inflation importée.

 

 

Par F.Z. Ouriaghli 

 

 

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