LES SACRIFIÉS DE AID AL-ADHA

LES SACRIFIÉS DE AID AL-ADHA

Par: Fatima Zahra Ouriaghli, Directeur de Publication

 

“L’expérience est le nom que l’on donne à ses erreurs», dixit Oscar Wilde. Le gouvernement marocain a reconnu en des termes à peine voilés avoir commis, l’année dernière, une erreur en autorisant la célébration de Aid al-Adha.

C’est pourquoi il n’a pas hésité, en ce mois sacré de Ramadan, à interdire les prières de Tarawih. Au nom du principe de précaution. Vers le 20 juillet prochain, le problème de Aid al-Adha se posera de nouveau : faudra-t-il ou non autoriser sa célébration ? Question prématurée ? Non, car juillet c’est demain. D’ailleurs, le ministère de l’Agriculture a déjà ciblé ceux qui seront demain sur nos grilloirs: 8 millions de têtes d’ovins et de caprins devront être identifiées et 30 souks hebdomadaires vont être équipés.

Non, car il faut d’ores et déjà se préparer à toutes les éventualités. D’autant que pour décider de la célébration ou non de l’Aid, les autorités devront prendre en compte un ensemble de paramètres :

• Primo : la situation épidémiologique dans le Royaume. Qu’en sera-t-il en juillet ? Atteindra-t-on l’immunité collective ? Difficile de le dire. Si la campagne de vaccination reste très bien ficelée, son déploiement bute cependant sur le déficit de doses, ce qui compromet le calendrier initialement fixé. Et avec la présence des variants, les indicateurs sanitaires peuvent très vite se dégrader, surtout pour une fête comme Aid al-Adha caractérisée par la promiscuité dans les souks et les importants mouvements interrégionaux des populations.

• Secundo : au-delà des questions sanitaires, Aid al-Adha revêt surtout des enjeux socioéconomiques soutenus et reste certainement la période où le cash circule le plus au Maroc. Cette fête permet le transfert de pas moins de 8 Mds de DH vers le monde rural. Le gouvernement peut-il s’autoriser à priver les éleveurs d’une telle manne financière ?

• Tertio : le dernier paramètre, et non moins important, est l’adhésion de la population. Si le gouvernement a jusqu’ici réussi à contenir la pandémie, c’est parce que, depuis plus d’un an, les citoyens font preuve d’exemplarité en souscrivant sans broncher à toutes les mesures restrictives qui leur ont été imposées.

 

Mais pourront-ils en supporter davantage ? Pourront-ils consentir d’autres sacrifices au nom de la limitation de la propagation du coronavirus ? L’acceptabilité par les citoyens, soumis à des mois de privations, sera une dimension importante à prendre en compte avant toute décision. A l’évidence, le moment venu, il faudra trancher et désigner qui seront les sacrifiés de Aid al-Adha : les moutons ou le monde rural ? Avec, dans le premier cas, un risque sanitaire certain et, dans le second, un drame économique. u

 

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