L’alibi. Voici deux des trois définitions proposées par le dictionnaire Larousse : raison alléguée par quelqu'un pour se disculper, pour prévenir le reproche, la critique; moyen auquel quelqu'un recourt pour échapper à une réalité désagréable ou déplaisante. Nous vous en proposons une autre, qui sied mieux au contenu de ce papier. L’alibi est une forme de faiblesse fautive des dirigeants défaillants qui cherchent un coupable extérieur à tout ce qui leur arrive pour justifier leurs insuffisances. Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Ou plutôt quelqu’un ? Nous, si !
Le président algérien tient le Maroc responsable de tout ce qui se passe dans son pays : une pelouse qui fout le camp, les incendies en Kabylie, la crise économique et sociale que traverse l’Algérie… Une manière perverse de se dédouaner de ses responsabilités visà-vis du peuple algérien, mais pratique pour convaincre les simples d’esprit qu’il porte en bandoulière ce patriotisme dont il se targue pour légitimer sa riposte. Il faut bien justifier l’absurde ! C’est pourquoi Abdelmadjid Tebboune a choisi de livrer une guerre économique au Maroc. Cela a d’abord commencé par des sociétés marocaines, à l’expertise reconnue sur le plan international, qui perdent inexplicablement des contrats en Algérie.
Et, dimanche 31 octobre, Tebboune est allé encore plus loin en décidant de ne pas reconduire l'accord sur le gazoduc Maghreb-Europe arrivé à expiration. Prétexte fallacieux invoqué : «des pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l'égard de l'Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l'unité nationale».
Du côté marocain, on rassure : cette décision «n'aura dans l'immédiat qu'un impact insignifiant sur la performance du système électrique national» et «les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l'alimentation du pays en électricité».
En déclarant au Maroc une guerre économique à peine voilée, Alger se trompe de cible et fait un bien mauvais calcul. En voisins, les deux pays ont certes des intérêts économiques croisés, mais le volume des échanges commerciaux reste faible, voire insignifiant. Il n’était que de 5,3 Mds de DH en 2020, selon les chiffres provisoires de l’Office des changes, soit moins de 1% des importations et exportations du Maroc.
C’est dire que le Royaume, qui s’est depuis longtemps inscrit sur la voie de la prospérité en modernisant son économie et en multipliant ses partenaires, n’a rien à perdre. Au lieu de s’échiner à faire du Maroc l’ennemi à abattre à tous les coups et de s’inventer des challenges utopiques, Tebboune et sa clique de généraux feraient donc mieux de se pencher sur les urgences exigées par le peuple algérien (emploi, lutte contre la corruption systémique, justice sociale…).
A défaut de copier ce que le Royaume a fait de bon durant toutes ces années pour donner une impulsion franche à son économie, sous la houlette du Roi Mohammed VI, c’est cette guerre-là qu’il faut mener !
Par Fatima Zahra Ouriaghli, Directeur de Publication