Il va falloir s’y faire : l’inflation s’est incrustée dans le quotidien des Marocains. Et elle est là pour encore longtemps. Traduisant, tant s’en faut, l’inefficacité des mesures prises jusqu’à présent par le gouvernement. Les niveaux de prix élevés des produits alimentaires notamment s’apparentent de plus en plus, dans la conscience collective, à une certaine normalité. Car ce phénomène inflationniste que nous vivons actuellement n’est point ponctuel, mais plutôt structurel.
D’ailleurs, selon les derniers chiffres du HCP, au premier trimestre 2023, les pressions inflationnistes se seraient accentuées, avec une hausse des prix à la consommation de 9,4%, au lieu de +8,3% au trimestre précédent et +4% un an plus tôt.
La composante alimentaire enregistre une hausse historique de +18,2%, tandis que les prix des produits non-alimentaires auraient augmenté de 3,5%. Si les ménages marocains l’ont mauvaise, leur pouvoir d’achat étant sérieusement laminé depuis plusieurs mois, le gouvernement, lui, reste dans sa zone de confort, se contentant, de temps à autre, de quelques sorties pour pacifier les esprits rebelles.
Soit en agitant les montants mobilisés pour soutenir les produits subventionnés et les transporteurs routiers, soit en affichant sa détermination à combattre les pratiques des intermédiaires et autres spéculateurs. L’Exécutif est conforté dans sa posture par le crédit que lui accordent les institutions financières internationales. Le Fonds monétaire international (FMI) en l’occurrence vient d’approuver un accord de deux ans en faveur du Maroc au titre de la ligne de crédit modulable (LCM) d'un montant d'environ 5 milliards de dollars.
Pour justifier cet accord, le FMI avance entre autres que «les politiques macroéconomiques et le cadre institutionnel très solides du Maroc ont permis à son économie de rester résiliente face aux multiples chocs négatifs qui se sont produits au cours des trois dernières années, notamment la pandémie, les deux sécheresses et les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine».
De son côté, la Banque mondiale (BM) a approuvé le troisième Prêt de politique de développement (PPD) de 450 millions de dollars en faveur du Royaume, afin de développer l’inclusion financière et numérique, en complément des deux financements précédents.
Bref, résumons : le gouvernement est dans ses aises, appuyé par la BM et le FMI, et les ménages se démènent de leur côté pour joindre les deux bouts, chahutés par la cherté de la vie. Quid des entreprises ? Leurs dirigeants se sentent, eux aussi, principalement menacés par les risques que sont l’inflation et la volatilité macroéconomique, selon l’étude CEO Survey Maroc, de PwC.
Par F.Z Ouriaghli