Par David William, Directeur des rédactions
Non. Nous n’irons pas jusqu’à dire que l’Etat est une poule mouillée. Disons plutôt qu’il se mouille très peu. Mais quand les choses vont mal et que les solutions proposées jusqu’à maintenant restent pour le moins infructueuses, l’Etat doit se retrousser les manches et plonger les mains dans le cambouis. Comme il demande aux autres de le faire, particulièrement aux banques.
Au lieu de chaque fois… libérer la parole, le gouvernement peut aussi joindre la parole à l’acte et libérer les fonds, en revoyant, par exemple, la fameuse loi 69-00. Car le financement des PME, et plus globalement de l’économie nationale, ne doit pas être du ressort exclusif des établissements bancaires.
Aujourd’hui, ces derniers endossent le mauvais rôle en la matière et sont toujours suspectés de savonner la route aux PME. Car, dans la conscience collective, ils détiennent le pouvoir : celui d’ouvrir ou non le robinet du crédit, selon leur bon vouloir; celui d’exiger des garanties qui peuvent être perçues, notamment par les petites structures, comme des freins à l’accès au financement.
Oui, les banques se font un paquet de tunes, vu les bénéfices qu’elles dégagent. Oui, elles affichent un certain nombre de signes extérieurs de richesse, comme de très beaux sièges. Mais elles font un business rigoureusement réglementé qui les oblige à une certaine rigueur, et la Banque centrale est là pour les leur rappeler.
Ce qui ne les empêche pas, quoi qu’on dise, de s’acquitter de leur mission première: financer valablement l’économie. Elles n’ont d’ailleurs aucun intérêt à faire… de la thésaurisation. Distribuer du crédit est, comme dirait l’autre, dans leur ADN : elles vivent de l’intermédiation et vivront de cela pour longtemps encore. Parce que la configuration actuelle de l’économie ne permet pas aux PME et particuliers d’accéder à des produits structurés. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le taux des créances en souffrance se situe autour de 7% au Maroc, ce qui est très important.
Le problème, évidemment, est bien plus profond. D’autant que l’activité des établissements bancaires est profondément liée à la situation économique, avec un taux de croissance encore loin des aspirations du Maroc en termes de développement. Et, malgré tout, la cadence d’augmentation des crédits à l'économie, estimée en 2018 à +6%, est deux fois plus importante que la croissance du PIB (+3%).
Les banques font donc le job. L’urgence, aujourd’hui, est plutôt que l’Etat mette la main à la pâte, mais aussi de se pencher sur le nouveau modèle de développement préconisé par le Roi. Au moins, sur ce point, tout le monde est d’accord. ◆