Doing Business… électoral

Doing Business… électoral

Par David William, Directeur des rédactions 


                                               

Il ne faudrait pas s’en étonner. Toutes les sorties ministérielles de ces prochains jours se feront… à la sauce Doing Business. Depuis que le Maroc a grappillé 7 places dans le classement 2020, le gouvernement est en lévitation. Tel que le serait le premier de la classe. Pourtant, nous en sommes loin. Le Royaume se retrouve désormais au 53ème rang à l’échelle mondiale sur 190 économies. Mais on peut aisément comprendre l’euphorie de l’Exécutif en ce moment, et ce pour deux principales raisons.

D’abord, convenons-en, le Maroc revient de très loin : en 2010, il occupait la 128ème position, soit un bond de 75 places en une décennie.

Ensuite, le chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, avait fait un point d’honneur à faire entrer le Maroc dans le cercle des 50 meilleures économies du monde en matière d’amélioration du climat des affaires, d’ici à 2021. Pari qu’il va à coup sûr réussir, d’autant que, d’ici cette échéance, plusieurs mesures destinées à fluidifier davantage l’environnement des affaires vont être mises en place. Parce que, évidemment, tout n’est pas parfait, loin de là. C’est pourquoi il est prévu, entre autres, la modernisation des textes de loi relatifs à la gouvernance de l'entreprise, en particulier les sociétés contribuables et les sociétés à responsabilité limitée (SARL), mais également la mise en œuvre de la loi relative aux sûretés mobilières.

A la réflexion, 2021 est une échéance parfaite pour El Otmani. Car l’on ne s’étonnera guère que le classement du Maroc dans le Doing Business soit une carte électorale que va brandir fièrement le Parti de la justice et du développement (PJD) durant cette année marquée par les élections législatives. Quand bien même il ne peut s’arroger, seul, le mérite de cette performance du Royaume, le PJD, au pouvoir depuis 2011, aura néanmoins toute la latitude d’affirmer que c’est sous son magistère que le pays a pu intégrer le Top 50. Et cela, on ne peut le nier.

Est-ce pour autant que ce parti aura la faveur des urnes ? Pas sûr. Car le PJD de 2021 ne sera pas celui de 2016, encore moins celui de 2011. Surtout que l’exercice du pouvoir a créé des dissensions profondes au sein de cette formation politique fragilisée par une bataille d’égo et de leadership.

Comme disait l’auteur grec Pittacos, «pour connaître un mortel, donne-lui du pouvoir». ◆

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