Par David William, Directeur des rédactions
Le déconfinement ! C’est actuellement une phase cruciale que vivent plusieurs pays à travers le monde. Un déconfinement précautionneux, mais qui s’avère surtout extrêmement compliqué à mettre en œuvre, avec en toile de fond l’impératif de limiter la circulation du coronavirus.
C’est dans ce cadre d’ailleurs que plusieurs pays ont opté pour une application de traçage.
Objectif : pister les malades potentiels et tous ceux avec qui ils sont entrés en contact. Sauf que, d’un pays à l’autre, les modèles des applications lancées soulèvent parfois de très vives polémiques. D’autant qu’elles sont jugées pour le moins très intrusives par les utilisateurs qui se sentent constamment fliqués et violés dans leur intimité, et qui ont l’amère sensation d’être en liberté conditionnelle.
Au Qatar, le débat fait rage autour de l’application de traçage «Ehteraz», dont l’installation est obligatoire sous peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans. Même si les autorités promettent la stricte confidentialité par rapport aux données recueillies, l’accès aux photos et vidéos des utilisateurs ainsi que l’autorisation d’émettre des appels suscitent un tollé dans l’émirat.
Même son de cloche en Inde avec l’application «Aarogya Setu», qualifiée de logiciel de surveillance de masse.
Faut-il s’autoriser certaines libertés au nom de la protection des citoyens ? Bien évidemment que non.
Et c’est un point sur lequel ont visiblement veillé les autorités marocaines qui, dans le cadre du plan de déconfinement, ont mis aussi au point l’application de traçage baptisée Wiqaytna, validée par la Commission nationale de contrôle de protection des données à caractère personnel (CNDP). Mais à la différence d’autres pays, son téléchargement est basé sur le volontariat. Et pour qu’elle produise les effets escomptés, il faut une forte adhésion de la population. Autrement dit, que Wiqaytna soit installée par plus de 60 à 70%de la population, à en croire Mohamed El Youbi, directeur de l'épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé.
Cela suppose donc que les Marocains accordent suffisamment de confiance aux autorités par rapport à l’utilisation de leurs données. Confiance qu’ils leur ont accordée jusqu’à présent en tout cas, dans le cadre notamment de la gestion de la pandémie, en souscrivant à toutes les décisions et mesures prises depuis l’annonce de l’état d’urgence sanitaire. Vont-ils la renouveler en adoptant massivement Wiqaytna ? Wait and see. ◆