Le maintien des mesures restrictives a-t-il un sens dans ce contexte pandémique ? C’est le moment de poser sérieusement le débat autour de cette question, parce qu’il est peutêtre temps de basculer dans «la vie normale». Il est vrai qu’après deux ans de crise sanitaire, porter le masque, se saluer à distance, se nettoyer les mains avec du gel hydroalcoolique… sont désormais des actes du quotidien qui se sont inscrits dans une certaine normalité.
Mais c’est une vie par procuration. Notre vie a toujours été construite autour des interactions sociales et non de la distanciation sociale. Notre vie, celle que nous connaissons et que nous apprécions, n’est pas d’avancer masqués comme des ninjas, l’expression du visage dissimulée sous une bavette dont nous nous accommodons très mal. Notre vie n’a jamais été faite de restrictions, avec un pass sanitaire qui ouvre ou ferme des portes, un bien-être et une tradition chahutés par les fermetures sporadiques des hammams, une foi titillée par l’inaccessibilité temporaire des mosquées… Notre vie, dans une société démocratique comme le Maroc, n’a jamais été d’accepter sans broncher, docilement, que l’on empiète sur nos libertés individuelles. L’heure est donc venue de retrouver la vraie vie. Notre joie de vivre. Et si nous étions un brin désinvolte, nous dirions «Au diable la pandémie» !
D’ailleurs, pouvons-nous toujours parler de pandémie ? Certes, le coronavirus est toujours là, mais plus «inoffensif» que jamais. Ce qui explique que plusieurs pays ont décidé de lever les restrictions sanitaires. Toutes les restrictions ! Même le pass vaccinal ! Au Maroc également, l’épidémie cède du terrain et la situation sanitaire s’est considérablement améliorée. Les statistiques données par le coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé et de la Protection sociale, Mouad Mrabet, à la date du 20 février, sont édifiantes : baisse des nouvelles contaminations de 52%, baisse du taux de positivité hebdomadaire de 7 à 3,5%, décès hebdomadaires en baisse de 40%, taux de reproduction effectif du virus (Rt) de 0,79. Conséquence : le Royaume passe au niveau vert de transmission du SARS-CoV-2 et la vague Omicron est en pré-clôture.
Dès lors, il semble aujourd’hui nécessaire d’aller plus loin que la réouverture des frontières décidée le 7 février, en mettant fin à certaines mesures qui ne se justifient plus sur le plan sanitaire. Un premier pas a été franchi avec la décision de permettre le retour des supporters aux stades, lesquels sonnent creux depuis bien trop longtemps. Il reste aussi à rouvrir les boites de nuit laminées par la crise. Mais surtout, à l’approche du Ramadan, les Marocains veulent pouvoir accomplir les prières des tarawih dans les mosquées, après en avoir été privés pendant deux ans. La balle est donc dans le camp du gouvernement. Mais, comme dirait l’autre, puisqu’il «travaille beaucoup et parle peu», osons espérer qu’il ne nous décevra pas.
Par F. Ouriaghli