Par David William, directeur des rédactions
C’est quand même injuste. Pendant que le monde se reconfine, pendant que les économies se débattent dans une récession sévère, pendant que les populations expriment leur rasle-bol face à des mesures sanitaires toujours plus restrictives, en Chine, on fait la java. Oui, la Chine a refilé au reste du monde la patate chaude.
Dans le pays de Xi Jinping, on en est déjà, en effet, à l’ère post-coronavirus. L’Empire du Milieu a réussi à vaincre l’épidémie au prix de mesures drastiques et d’une discipline militaire. Les rues sont bondées de monde, les centres commerciaux envahis, les restaurants pris d’assaut. Dans ce pays de 1,4 milliard d’individus, on s’offre même le luxe d’organiser des concerts. On en oublierait presque que la Chine est le berceau de cette pandémie qui a profondément bouleversé toutes les théories, dogmes et règles qui régissaient l’univers multidimensionnel de la mondialisation.
On en oublierait presque que c’est parce que les Chinois ont défié la nature en tripatouillant les animaux sauvages, que le coronavirus est apparu dans la province de Wuhan, pour ensuite se disséminer partout dans le monde, infectant plus de 53,7 millions de personnes pour plus de 1,3 million de décès.
C’est injuste, parce qu’à Wuhan, d’où est parti tout ce capharnaüm sanitaire et économique, la vie normale a repris : on déambule dans les rues, on s’offre des restos et on se trémousse dans les boites de nuit. C’est injuste parce qu’après avoir fourni le monde en masques, la Chine nous fourgue aujourd’hui son vaccin, seul remède capable de venir à bout de cette pandémie.
C’est d’autant plus injuste que le pays dirigé par Xi Jinping a même l’outrecuidance d’annoncer qu’il a réalisé une croissance 4,9% au troisième trimestre, au moment où, presque partout ailleurs, les dirigeants se livrent à des calculs d’épicier pour limiter l’hémorragie budgétaire et la récession. Et tout cela, bien évidemment, donne du grain à moudre à ceux qui nourrissent les thèses complotistes les plus farfelues.