Par David William, Directeur des rédactions
Un Maroc sous cloche, des citoyens qui se sont accommodés des contraintes et des difficultés du confinement, une économie sous perfusion : c’est le panorama qu’offre le Royaume depuis presque deux mois. Mais nous ne sommes pas loin du bout du tunnel.
Théoriquement, dans quelques jours, ce sera la fin de l’état d’urgence sanitaire, avec ce que cela comporte en termes de restrictions de déplacements et de répression des infractions.
Nous reprendrons donc nos habitudes presque normales, dans un Maroc presque normal, pour une vie presque normale.
Nous retrouverons ce semblant de normalité le 20 mai exactement, ... en principe. En principe seulement. Car, disons-le, rien ne nous garantit que l’Etat nous rendra notre liberté.
Le 20 mai, très peu sûr même que l’on nous accorde ne serait-ce que la liberté conditionnelle. Simplement parce que quand bien même l’on nous affirme que l’épidémie est sous contrôle dans le Royaume, les statistiques de ces 10 derniers jours poussent à être assez sceptiques.
L'épisode épidémiologique a regagné du terrain la semaine dernière avec 1.160 nouveaux cas enregistrés en 7 ours, contre 838 une semaine auparavant. Et entre dimanche 11 mai à 16H et ce mercredi 13 mai à 10H, ce sont au total 403 nouveaux cas qui ont été enregistrés. Inquiétant ? Oui. Et cela peut signifier une chose : le déconfinement sera remis aux calendes grecques.
Rappelons-nous ce que ne cesse de marteler le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb : «Trois conditions sont à remplir pour amorcer le déconfinement: la stabilité de la situation épidémiologique, la tendance à la baisse des nouveaux cas de contamination et l'inflexion de l'indicateur de propagation du virus sous la valeur 1».
Visiblement, nous ne sommes pas dans cette configuration. Alors, autant se préparer, d’ores et déjà, à continuer à être les captifs volontaires d’un état d’urgence sanitaire qui sera prolongé au-delà du 20 mai, avec pour corollaire le confinement, entre autres.
Sauf que l’impératif de maîtriser la propagation du coronavirus se heurte à un traumatisme économique profond, né de l’arrêt des activités productives. Cela nous ramène, encore une fois, au difficile arbitrage Santé-Economie.
Un arbitrage délicat qui implique de prendre les bonnes décisions afin de ne pas saborder tous les efforts consentis jusqu’à présent.
Comme l’a écrit dimanche dernier dans un tweet le porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi, «les Marocains doivent comprendre que la bataille n'est pas encore terminée». ◆