Si les guerres avaient une logique, cela se saurait. Et si les cessez-le-feu étaient de véritables promesses de paix, cela se verrait. La guerre en Ukraine s’apprête-t-elle alors à connaître son premier véritable temps mort depuis plus de trois ans ?
C’est la question qui agite diplomates, généraux et experts de plateaux télé. En tout cas, l'annonce, mardi dernier, d'une trêve en Ukraine, à l’issue de négociations menées en Arabie saoudite sous l’œil bienveillant des Etats-Unis, ressemble davantage à un interlude incertain qu'à l'acte final d'un conflit qui dure depuis 3 ans.
A en croire le chancelier allemand Olaf Scholz, la balle est désormais dans le camp du président russe Vladimir Poutine. Une phrase qui a l'avantage de la clarté, mais qui souffre du même mal que toutes les déclarations diplomatiques : celui du flou artistique. Car c’est une manière polie de dire que le Kremlin, comme souvent, traîne des pieds. Certes, Kiev a accepté la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours.
Mais depuis quand la Russie se précipite-t-elle pour suivre la musique imposée par l’Occident ? Bien sûr, il est tentant de voir dans cette proposition de cessez-le-feu une lueur d’espoir. Un mois sans tirs, sans destructions et sans nouvelles victimes. Mais dans la réalité brutale de la guerre, 30 jours c’est à peine le temps de réorganiser les troupes, de réparer les chars et de ravitailler les arsenaux. C’est un délai stratégique, pas une garantie de paix durable. Alors, à quoi faut-il s’attendre ? Une trêve qui ne sera qu’un moment de respiration avant la reprise des hostilités ?
Une paix de façade qui servira de décor aux prochaines négociations ? Un mois de calme relatif avant que chacun ne reprenne ses positions initiales ? Ou plutôt un Kremlin qui va faire la sourde oreille ? Car, au moment où nous écrivions ces lignes, Poutine ne s’était pas encore exprimé sur ce cessez-le-feu. Va-t-il y adhérer ? Et, surtout, sous quelles conditions ? En effet, si Poutine accepte la trêve, ce sera avec ses propres conditions. Et elles risquent d’être difficiles à avaler pour Kiev et ses alliés.
Si, en revanche, il la refuse, il prend le risque d’apparaître comme le principal obstacle à la paix, ce qui pourrait compliquer ses relations avec Trump. A ce petit jeu, Poutine maîtrise l’art du double discours : se dire «prêt à discuter», tout en continuant d’appuyer sur l’accélérateur militaire. En attendant qu’il se prononce, les bombes et les drones continuent de danser un ballet mortel. Les soldats continuent de mourir et les civils de payer le prix d’une guerre qui leur échappe totalement.
F.Z Ouriaghli